Là où il était seul sur 80 hectares, ils sont désormais trois. Le défi aujourd’hui est d’installer le quatrième. À la Pignerie, dans la commune d’Ercé-en-Lamée, la famille Jolivel est en pleine effervescence. Bientôt, sur la ferme familiale, des vaches, des poules, des brebis et des pommes ?

Convaincue que la reprise d’une ferme ne s’oppose pas à la poursuite d’études, Marie a décroché un des diplômes les plus reconnus : ingénieur agronome d’AgroParisTech, et accroché sur le mur extérieur de la ferme familiale la pancarte : « Oeufs extra-frais bio – jeudi 18h30 – 19h30 ». En cours d’installation depuis 2009 avec Timothée, son compagnon, Marie Jolivel est en train de réaliser son objectif : devenir paysanne.
La jeunesse arrive sur les terres que Marcel cultivait seul depuis trente ans, impulse de nouvelles orientations, une autre organisation, de nombreuses discussions, de nouveaux apprentissages… Le tout dans un respect mutuel, une harmonie perceptible à l’oeil nu. Comme si une bulle enveloppait la ferme de la Pignerie. (...)Une ombre, cependant, au tableau de ce projet : les règlements sanitaires qui ne cessent d’évoluer vers des contraintes totalement inadaptées aux fermes en circuit court. Par exemple, vont-ils être obligés de construire un centre d’emballage agrée pour commercialiser leurs oeufs ? Mais pour l’instant, d’autres questions plus excitantes sont à l’ordre du jour : comment restructurer la ferme, partager les terres pour que vaches, poules, brebis et pommes puissent cohabiter ? Sous quel statut ? Avec quelle organisation ? Comment préserver une intimité dans une si proche cohabitation ?… Tant que les réponses ne sont pas claires, Marie et Timothée sont sous le statut de salariés de la ferme paternelle. En attendant, la cour de ferme est très animée : les copains qui passent, le client qui vient chercher ses oeufs et un brin de causette, le café toujours chaud…