C’est entendu l’Allemagne est championne toutes catégories : le chômage est y très bas, sa politique énergétique est parfaite, et Angela Merkel est déjà réélue…à se demander alors à quoi servait cette élection ?
(...) à part le parti au pouvoir, tous les autres partis se retrouvent sur de mêmes préoccupations, portant sur le bas niveau à venir des retraites, la montée des prix de l’énergie, ainsi que celui des loyers, et la demande d’un salaire minimum.
Rappelant qu’Angela Merkel n’a pas la possibilité d’agir sur le terrain économique, puisque en Allemagne, l’économie est pilotée par les grandes entreprises, Stark pose le problème différemment.
Il explique que s’il est convenu de dire « l’Allemagne va bien », tous les allemands ne vont pas bien pour autant, puisqu’environ 15% de la population, soit tout de même plus de 12 millions de citoyens, travaillent dans un cadre très fragile, à coup de petits métiers, et s’en sortent très mal, voyant leur niveau de vie baisser dangereusement, d’autant que leurs salaires s’amenuisent. (...)
En effet, tout n’est pas si rose outre-Rhin.
Les lois « Hartz » ont changé l’organisation et les conditions d’indemnisation du chômage, encourageant les formes d’emplois atypiques.
Ces lois obligent les chômeurs à accepter n’importe quel travail, même le plus précaire et le plus mal payé, et il n’est pas inutile de se souvenir que c’est à l’ex chancelier social-démocrate Gerhard Schröder que les allemands doivent ces lois antisociales, ce qui explique peut-être le désamour des électeurs envers ce parti.
Ce sont ces lois qui ont permis des boulots payés 1 € l’heure, et qui ont réduit à 12 mois la durée d’indemnisation du chômage. lien
On peut aussi s’étonner qu’à l’époque Wolfgang Clément, le ministre de l’emploi de ce gouvernement rouge-vert avait qualifié de « grand succès » ce discutable choix social.
Ce qui était surtout visé, c’était de réduire drastiquement le nombre de chômeurs, opération manifestement réussie, mais à quel prix ?
1 emploi sur 3 n’est désormais ni à plein temps, ni à durée indéterminée, et à Berlin, 1 enfant sur 3 tente de survivre en dessous du seuil de pauvreté.
Un bénévole de centre social dénonce « de la main d’œuvre presque gratuite et corvéable selon les besoins ».
Selon le livre noir du travail intérimaire, publié en mars 2012, 1 million de salariés seraient soumis au travail intérimaire, et ce chiffre aurait doublé depuis 2004.
Il y a chez nos voisins germaniques 3 millions de personnes qui gagnent moins de 6 euros brut de l’heure, et s’il est vrai que le taux de chômage est aujourd’hui de 6,8 %, il n’en est pas moins réel qu’il y a une véritable précarisation des salariés. (...)
Un citoyen, du prénom de Klaus à déclaré : « si une nouvelle crise arrivait, tous les intérimaires se retrouveront à la rue » ajoutant : « ce nouveau marché aux esclaves devrait être interdit car le travail intérimaire va enterrer tout ce pourquoi des générations de travailleurs se sont battus ».
Au-delà des difficultés que rencontrent ces millions de travailleurs, il faudrait aussi regarder de plus près celles qui concernent les retraités. (...)
Sans aller jusqu’à comparer cette situation avec celle qu’ont connus les allemands lors de la République de Weimar, laquelle permis l’accession au pouvoir d’Hitler, on ne peut pourtant pas éviter d’y trouver quelques ressemblances (...)