Arrestations au faciès, conditions de détention inhumaines… De nombreux migrants accusent la Grèce de mauvais traitements. Sans inquiéter l’Europe, qui va rallonger les budgets de son meilleur « garde-frontière ».
(...) En septembre dernier, alors qu’il tentait de gagner le nord de l’Europe par la Turquie, Faraj Alhamauun a été arrêté durant sa traversée de la Grèce.
En dépit d’une grave blessure à la jambe causée par des bombardements sur sa ville natale d’Alep, en Syrie, cet activiste a été emprisonné dans un camp de rétention du nord-est de la Grèce, dans la région d’Orestiada. Ses maigres biens et le peu d’argent qu’il avait lui ont été confisqués lors de son arrestation. Sans jamais lui être rendus.
Aujourd’hui installé à Istanbul, en Turquie, cette ancienne source de Human Rights Watch (HRW) n’a rien oublié du calvaire subi lors de ces mois d’enfermement, victime d’un harcèlement verbal et physique incessant.
Il s’est d’ailleurs plaint de ces mauvais traitements à une délégation de fonctionnaires européens qui visitait le camp Fylakio où il était détenu. « Après leur départ, j’ai été maltraité pour leur avoir parlé. » Faraj a alors commencé une grève de la faim. Résultat : les autorités hellènes l’ont finalement renvoyé vers la Turquie. (...)
Son cas est loin d’être unique en Grèce : les financements de la Commission européenne pour des opérations d’envergure visant à contrôler le flot massif de migrants ont abouti à un nombre important de violations des droits humains.
Et si les fonctionnaires européens n’ignorent rien des conditions inhumaines de détention des demandeurs d’asile, ils planchent actuellement sur une extension des financements afin que le gouvernement d’Antenis Samaras poursuive cette politique. (...)
Bien que les opérations telles que Aspis et Xenios Zeus soient perçues comme « efficaces » par les autorités, les ressources limitées de la Grèce ne lui permettent pas de les poursuivre.
Or, en septembre dernier, la Commission européenne a dépêché une mission d’évaluation le long de la frontière turque et dans certains camps de rétention, pour estimer le coût d’un tel financement. Alors que plusieurs délégations de fonctionnaires européens et des organisations internationales ont apporté leur témoignage négatif sur le traitement inacceptable des migrants arrêtés.
En dépit de ces constatations, les migrants ont peu accès aux voies de recours. (...)