
Porter le débat sur la crise alimentaire dans une région où la faim fait partie du quotidien, donner la parole aux acteurs concernés : pari gagné pour le Forum Médias Nord Sud de Genève, délocalisé à Ouagadougou.
(...) Donner la parole, écouter ce que les personnes concernées ont à dire, cela demeure le credo de Jean-Philippe Rapp, ex-journaliste vedette de la Télévision suisse romande, qui a tendu son micro à Zarra Guiro, une sage-femme qui décrit cette faim silencieuse qui emporte sans bruit les enfants du Burkina Faso ; ou à l’enseignant d’un lycée tout proche du lieu où se déroule le Forum, dont les élèves s’évanouissent en classe parce qu’ils n’ont pas mangé.
Au programme, depuis le 28 octobre et jusqu’à ce 3 novembre, la projection d’une quarantaine de films (y compris dans les quartiers populaires de la capitale), des visites sur le terrain d’initiatives innovantes pour lutter contre la malnutrition, ainsi que des débats auxquels participent journalistes et experts de la région. (...)
Le fait que les Universités africaines de la communication de Ouagadougou aient tenu leurs assises en même temps que le Forum a par ailleurs permis à quelque 200 journalistes du Niger, du Mali, du Togo et de toute la sous-région de participer à l’événement, de rencontrer des confrères d’autres horizons. Et de réfléchir avec eux comment communiquer sur la faim et les enjeux auxquels sont confrontés les paysans dans leurs pays respectifs, qui représentent jusqu’à 80% de la population - des questions qui demeurent éminemment politiques et sensibles.(...)
L’accaparement des terres qui chassent les paysans partout en Afrique, l’utilisation sans précaution de pesticides, les semences transgéniques imposées au cultivateurs de coton au Burkina Faso, ont fait l’objet de vifs débats (...)
Le film belge « La crise alimentaire, une chance pour les paysans » - époustouflante prise de parole de paysans européens et africains confrontés au désastre généré par la mondialisation de l’agriculture – a reçu le Grand Prix de Genève, tandis que le Prix du meilleur documentaire africain a été décerné au film burkinabé consacré aux planteurs de coton « Ti-Tiimou – Nos sols », décernés par un jury présidé par le célèbre cinéaste burkinabé Idrissa Ouedraogo.