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La Brigade des mamans contre les amendes abusives de leurs enfants
Article mis en ligne le 25 octobre 2021

Dans de nombreux quartiers, les jeunes sont victimes d’une nouvelle arme sur-utilisée par les agents de police : les amendes. Parfois lancées sans même avoir rencontré les jeunes. Un phénomène à l’origine du surendettement de nombreuses familles. Pour se prémunir de ce fléau, à Belleville (Paris), des mamans veillent et sortent dans la rue jusque tard pour protéger leurs enfants. Reportage.

« On est derrière nos enfants la journée, et là avec les Brigades tous les soirs on est dehors pour empêcher nos enfants de faire n’importe quoi. Je veux que l’Etat sache que ce n’est pas parce qu’on n’éduque pas nos enfants. Mais l’Etat ne nous aide pas », affirme déterminée Mme Wakkeh, l’une des mères de la Brigade des mamans. Créée il y a deux ans dans le quartier de Belleville à Paris, le groupe de mères de familles fait des maraudes plusieurs soirs par semaine dans le quartier pour surveiller les enfants, et inciter les plus jeunes à rentrer.

Depuis la première période de confinement, les amendes que recevaient déjà auparavant leurs enfants se sont multipliées. Des motifs qui varient entre le « tapage », le « non-respect du couvre-feu » au moment où il était effectif, le « non port du masque » lorsqu’il était obligatoire, « consommation d’alcool sur la voie publique », ou « jets d’ordures ». Des amendes souvent automatisées, parfois prononcées par les agents de police sans même avoir croisé les jeunes.

Le fléau des amendes lancées en masse par les agents

Alors qu’une phase de test de pénalisation de présence dans les halls est lancée dans quelques villes en France, les mamans de Belleville s’organisent face à cette nouvelle arme financière de la police.Un fléau qui surendette des familles déjà précarisées, et qui touche bien au-delà de leur quartier. Face à ce phénomène, la Brigade des mamans a décidé de s’organiser collectivement, avec d’autres associations, pour trouver des solutions. Et cela commence par se réunir dans le quartier, pour discuter, faire comprendre la situation souvent mal comprise. (...)

Une mère de Meulan-en-Yvelines est venue rendre un témoignage poignant, énumérant les insultes des policiers envers les jeunes du quartier, les nombreuses amendes reçues dont celles de son fils qui atteignent plus de 15 000 euros, et surtout exprimer sa solidarité aux autres mères : « j’ai envie de dire à toutes les mamans qu’on a bien élevé nos enfants, et ils sont peut-être nés au mauvais endroit, ils n’ont peut-être pas les bons vêtements, mais on est fieres d’eux et ce ne sont pas des bons à rien ». Finalement, la mère de de famille s’est même engagée auprès de la Brigade des mamans pour participer à l’une des maraudes dans leur quartier. (...)

Un glissement du « contrôle discriminatoire à l’amende discriminatoire »

Bien que ce sont majoritairement les garçons qui sont victimes des violences policières dans l’espace public, une lycéenne de 17 ans qui vit à Belleville prend elle aussi la parole : « Pendant le couvre-feu j’avais besoin de respirer donc je suis sortie en bas de chez moi. J’ai vu la police, ils se sont dirigés vers nous et ils nous ont lancés des lacrymos. Depuis ce jour je me suis rendue compte qu’on n’était pas tous égaux, et depuis, quand je vois la police, j’ai peur. Je me demande si je suis bien habillée, si je n’ai pas un jogging ou un foulard. » (...)

Les jeunes reçoivent tellement d’amendes que l’on n’a besoin de bénévoles en plus pour trier toutes les amendes et les contester. (...)