
À l’été 2020, la brigade criminelle de Paris a démantelé un réseau criminel dans lequel des militaires travaillant à la DGSE, les services secrets extérieurs français, étaient chargés par de mystérieux commanditaires d’assassiner une experte du coaching. En tirant les fils un à un, les enquêteurs de la Crim’ vont mettre au jour un dossier titanesque. Et effrayant.
(...) Une possible opération homo (un assassinat ciblé) qui aurait dégénéré, entre crime crapuleux et affaire d’État.
Le sujet est si sensible que c’est un groupe de la section antiterroriste de la Crim’ qui est chargé de démêler les fils d’une intrigue qui, les policiers l’ignorent encore, va les conduire du plus secret des services secrets français à une loge maçonnique.
À l’heure où ces lignes sont écrites, 15 personnes – dont quatre militaires de la DGSE et deux anciens de la DGSI – ont été mises en examen pour la bagatelle de 16 chefs d’accusation, dont « meurtre avec préméditation », « tentative de meurtre commis en bande organisée », « association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime » ou encore « destruction par incendie en bande organisée ». Dans ce dossier qui n’en finit pas de réserver des surprises, il n’est plus question d’espionnage mais d’une nouvelle illustration, pour le moins sanglante, d’un capitalisme sans foi ni loi : maintenant, pour éliminer la concurrence, on la tue.
Alors qu’ils s’apprêtent à écrire sur procès-verbal le roman très noir de ce début de décennie, les enquêteurs de la brigade criminelle choisissent de manière ironique un nom de dossier en référence à la série télévisée consacrée à la DGSE. Ce sera l’affaire des « Légendes ». (...)
La peur des attentats a changé nos vies. Aussi, aux environs de 8 heures, ce vendredi 24 juillet 2020, lorsque Houcemeddine repère une Renault Clio garée sur un passage piéton rue de l’Espérance, à Créteil, il prend peur. Pas en raison du mauvais stationnement de la voiture, mais à cause de ses occupants. Deux hommes bizarres, habillés de noir, portant des casquettes et des gants alors qu’on est en plein été.
Éprouvant une espèce de malaise à la vue de cet équipage, Houcemeddine, plombier de son état, revient sur ses pas et fait trois fois le tour du quartier pour vérifier ce qui cloche. Le passager de la Renault fait semblant de dormir, le conducteur observe le plombier par l’entremise du rétroviseur intérieur. Houcemeddine vient de déposer son fils à la crèche, la présence de ces deux individus louches dans ce quartier pavillonnaire l’inquiète et lui fait imaginer le pire. Alors il alerte la police.
Cinq minutes plus tard, un véhicule sérigraphié arrive sur les lieux. Les policiers partagent les doutes du père de famille. (...)