
Le père Massimo Biancalani accueille une centaine de migrants dans sa paroisse Santa Maria Maggiore de Vicofaro, un quartier de Pistoia, en Toscane.
Une mission devenue difficile dans le contexte italien, particulièrement depuis que la mairie est passée, en 2017, à l’extrême droite.
Pour la première fois depuis l’après-guerre, en 2017, un candidat d’extrême droite, Alessandro Tomasi (Fratelli d’Italia – Alliance nationale), a été élu maire de Pistoia, une ville de 91 000 âmes, haut lieu de la résistance au fascisme. Dans ce contexte, la mission de Don Massimo Biancalani est plus qu’ardue. Le prêtre de 58 ans accueille en effet une centaine de migrants dans sa paroisse Santa Maria Maggiore, dans le quartier de Vicofaro. Au mois d’août, il a reçu deux lettres de menaces de mort. Extrait : « Ignoble prêtre des nègres, tire-toi avec eux. (…) Si tu recommences à les accompagner dans une piscine, ils se baigneront dans de l’acide. »
L’allusion à la piscine vient du scandale suscité à l’été 2017 par des photos de réfugiés barbotant dans un bassin de loisirs. Le père Biancalani les avait postées sur sa page Facebook, avec ce commentaire : « Eux sont ma patrie, les racistes et les fascistes mes ennemis. » Peu après, des activistes néofascistes organisèrent une intrusion dans l’église Santa Maria Maggiore lors d’une messe dominicale. « Du jamais vu, même durant l’époque fasciste. » Cheveux poivre et sel, visage affable mais aux traits tirés, Don Massimo explique qu’il ne fait que répondre « à l’appel du pape en 2015, qui a demandé aux paroisses d’ouvrir leur porte ».
L’évêque de Pistoia, Mgr Fausto Tardelli, a condamné « les menaces violentes », mais il semble toutefois mal à l’aise avec la notoriété du curé. Sa présence à Vicofaro se fait d’ailleurs rare depuis que des Pistoiais ont fondé une « Assemblée permanente antifasciste et antiraciste », souvent réunie sous l’immense tente jouxtant les bâtiments de la paroisse, pour venir en aide aux migrants. (...)
Doriano Maranelli, bénévole de la Caritas qui épaule Don Massimo, raconte un des 50 actes de violence xénophobe recensés en Italie depuis trois mois. « Un de nos réfugiés, a été agressé le 2 août par deux ados de Pistoia devant la paroisse. Ils l’ont injurié et ils ont tiré en sa direction des coups de pistolet. » Il affirme aussi qu’une quarantaine de paroissiens se sont éloignés. « Ils reviendront peut-être, car le Vatican vient d’inviter Don Massimo à présenter son modèle d’accueil, à l’occasion d’un prochain congrès sur la xénophobie à Rome » (1).
Le père Biancalani déploie toute son énergie pour améliorer le quotidien de « sa famille élargie ». (...)
, 15 jeunes ont été formés aux techniques de panification. D’où la création de « la Pizzeria du réfugié ». Jusqu’à ces derniers jours, n’importe qui pouvait s’attabler sous la tente-salon le week-end, et payer son repas sous forme de don aux pizzaïolos. Mais la cuisine vient d’être fermée sur ordre d’inspecteurs sanitaires. Mary La Rosa, fidèle paroissienne, se dit choquée. « Respecter les normes c’est une chose, devoir sophistiquer des installations à prix d’or en est une autre ! À Pistoia, les autorités veulent effacer notre histoire de résistants. L’Europe doit ouvrir les yeux sur ce qui se passe en Italie. »