
Alors que l’Open Arms a été autorisé à jeter l’ancre près de l’île de Lampedusa, le navire humanitaire Ocean Viking est, lui, toujours en quête d’un port où débarquer les 356 migrants qu’il a secourus en Méditerranée. Pour eux, une longue attente semble se profiler.
"Nous avons déposé deux demandes auprès de Malte et nous avons essuyé deux refus. Quant à l’Italie, elle ne nous répond pas", indique Avra, membre de SOS-Méditerranée en charge de la communication à bord de l’Ocean Viking. Un décret interdit toujours à ce bateau, qui recherche un port débarquement depuis le 13 août, de pénétrer dans les eaux territoriales italiennes.
Malte, qui n’a pas ratifié l’amendement de la convention de l’organisation maritime internationale (OMI) en 2004, obligeant les bateaux à débarquer les migrants en "lieu sûr", est en mesure de refuser l’accès à ses eaux des navires de sauvetage. (...)
Dans l’attente d’une issue, le bateau est pour l’heure en "stand-by" dans les eaux internationales, naviguant sans but entre Malte et la petite île italienne de Linosa, au nord de Lampedusa.
"Guerre des nerfs"
Mercredi, des vents violents et de la houle, avec des creux de plus de 2,50 mètres, ont épuisé les migrants déjà à bout de nerfs.
"Ces gens ont déjà beaucoup souffert, que cela soit dans des centres de détention en Libye ou durant leur périlleuse traversée de la Méditerranée", précise Avra, ajoutant qu’aucune urgence médicale n’est à signaler. (...)
Désormais, les conditions sont "stables". Mais la situation n’est "ni normale, ni viable", juge Avra.
"Peu importe que nous ayons assez de nourriture et d’eau. Les personnes à bord commencent à se demander où nous allons, et quand et où nous pourrons finalement débarquer." Les premiers migrants secourus attendent désormais depuis une semaine.
En face, les quelque 30 membres d’équipage, dont neuf personnes de l‘équipe médicale, neuf navigateurs et treize sauveteurs de SOS-Méditerranée, n’ont pas de réponses à apporter à leurs questions. Pour Fabienne Lassalle, directrice générale adjointe de l’ONG française, c’est une véritable "guerre des nerfs" qui s’engage. "Il y a une attente et une angoisse qui montent sur le pont du bateau. C’est très dur pour tout le monde."
Échecs et bongos
Pour calmer les inquiétudes, les membres des ONG tentent de divertir les migrants. "Nous leur parlons beaucoup, nous leur donnons des cartes à jouer et des jeux de société comme les échecs, et des instruments de musique aussi, comme des bongos", confie Avra.