
Journée de permanence ordinaire devant le juge des enfants. Le parquet annonce les prévisions des mineurs qui seront déférés aujourd’hui, c’est-à-dire qui passeront directement de la garde à vue au cabinet du juge des enfants, menottes aux poignets, pour être mis en examen.
Le procureur prévoit a priori dix mineurs aujourd’hui :
« Quatre dossiers de violences et outrages, six dossiers de Roumains. »
La greffière s’inquiète de l’heure à laquelle l’audience va se terminer. « Heureusement, les Roumains, ça va vite. »
C’est donc sans aucun complexe que les policiers retranscrivent leurs questions sur les procès-verbaux d’auditions de garde à vue :
« Comment tu t’appelles ? »
« Pourquoi tu mens ? »
« Est-ce que tu es un voleur ? Tu dis non, mais nous on sait que tu as volé, et quelqu’un qui vole, ça s’appelle comment ? »
« Ça va pas lui plaire à la juge de voir que tu mens, tu devrais dire ce qu’on sait. »
(...)
Effectivement, ça ne lui a pas plu à la juge des enfants. C’est une juge qui sait que des mineurs surveillés parce qu’ils sont « d’origine de l’Est » donneront des adultes persécutés et que de la persécution nait la violence.
C’est une juge qui ne tutoie pas comme on manque de respect, qui pense que les individus ne se réduisent pas à leurs actes même s’ils les ont commis et que les hommes – peut-être encore davantage les enfants – ont parfois des raisons de mentir.
La magistrate sait probablement aussi que ce racisme ordinaire conduit les donneurs d’ordre et les exécutants à parquer des êtres humains et à les déporter, qu’il leur autorise à penser qu’un tramway n’est pas un wagon plombé, qu’un homme est libre de ses mouvements s’il n’est pas menotté mais juste encadré de policiers.
Consternée à la lecture de ces procès-verbaux, la juge a alerté le parquet pour que les policiers soient rappelés à l’ordre.
On ne sait pas quelle suite sera donnée mais pour demain (...) Wikio