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Journée de la critique des médias : « À quoi sert la critique des médias ? »
par Serge Halimi, le 6 février 2015
Article mis en ligne le 10 février 2015
dernière modification le 6 février 2015

Un peu plus de quinze après la renaissance d’une critique radicale des médias, après des dizaines de livres, des documentaires à succès, des milliers de réunions publiques, on est en droit de se demander : à quoi a-t-elle servi, à quoi sert-elle ?

À quoi sert-elle quand cet exercice devient un genre tellement courant qu’il dispose dorénavant d’émissions attitrées dans nombre de médias ?

À quoi sert-elle quand n’importe quel moteur de recherche permet à quiconque le souhaite de dénicher des propos de journalistes qui l’indignent, pour s’en déclarer ensuite indigné sur son blog. Lequel n’est fréquenté que par des gens tout aussi indignés d’avance ?

À quoi sert-elle quand la défiance envers les médias est à la fois généralisée et souvent sans conséquence. Car le discours médiatique - sur les privilèges supposés des fonctionnaires, sur les dangers présentés comme imminents de la dette, etc. - demeure relayé au quart de tour, y compris par ceux qui prétendent qu’ils ne font pas confiance aux médias ?

À quoi sert la critique des médias quand des journalistes, qu’on entend et qu’on voit en permanence partout, prétendent qu’ils sont les Jean Moulin d’aujourd’hui, les bannis des ondes, les Zola réactualisant J’accuse, les victimes de la presse d’industrie et du politiquement correct ?

Enfin, à quoi sert la critique des médias quand elle est de plus en plus fréquemment dévoyée par des groupuscules paranoïaques, en général proches de l’extrême droite, qui cherchent à faire de cette critique l’outil de leurs théories du complot ?

(...) Nous avons amoindri le prestige, le crédit et le pouvoir de nuisance des grands médias. Mais la structure économique et sociale qui les conforte demeure en place. Il ne dépend pas seulement de nous qu’elle vacille, nous le savons. Mais nous escomptons qu’elle recevra ses prochains coups en Grèce, en Espagne, ailleurs. Et là encore, nous serons du bon côté. Car nous sommes ici ce soir. Mais nous étions en Grèce dimanche dernier, et à Madrid tout à l’heure quand s’est rassemblée une foule immense, drapeaux grecs et républicains espagnols mêlés, pour réclamer la fin des politiques d’austérité européennes.

Leur combat est le nôtre. Et, désormais, nous sommes prêts.