
Dans un livre aussi stimulant qu’exigeant, Jacques Testart, le père scientifique du premier bébé éprouvette en France, met en garde sur les risques que comporte une intrusion trop grande de la technique dans la procréation, et pose cette interrogation essentielle et troublante : comment faire les enfants quand le progrès technique semble tout permettre ?
La Procréation médicalement assistée (PMA) est un dossier empoisonné. Le gouvernement le sait bien qui l’a soigneusement enterré avec ordre donné aux parlementaires de gauche de ne pas l’exhumer par crainte de susciter des manifestations hostiles.
C’est tellement vrai que la proposition de projet de loi sur la famille présentée par des députés socialistes et écologistes, dont l’examen à commencé mardi 6 mai à l’Assemblée, évite soigneusement d’évoquer la PMA (dont l’appellation officielle est AMP pour Assistance médicale à la procréation).
Pour autant le sujet est essentiel. Il touche au cœur de nos sociétés parce qu’il renvoie à une interrogation troublante : comment faire les enfants à une époque où le progrès scientifique semble tout permettre ? Le biologiste Jacques Testard en a fait le thème de son dernier livre, un ouvrage dense, d’une lecture aussi stimulante qu’exigeante. (...)
l’auteur distingue un mal profond qui ronge les sociétés : l’emprise folle de la technique que les citoyens n’osent pas remettre en cause et qui annihile leur liberté. Il ne faut pas tout demander à la médecine, rappelle l’auteur qui rejoint ici Ivan Illich. Pour l’épanouissement de tous, la société doit « privilégier l’harmonie » et s’accorder sur des « limites ».
Les siennes, clairement identifiées, l’amènent – au risque de s’attirer les foudres d’une partie de la gauche - à refuser l’ouverture de la PMA aux couples homosexuels hommes (« Les mères porteuses pour aider les couples d’hommes, je suis contre. C’est de l’esclavage ! ») et à préconiser, dans le cas des femmes homosexuelles, de rechercher un donneur parmi les amis proches et à faire l’économie d’un passage par un cabinet médical. C’est dire combien Jacques Testart rêve d’un monde où l’assistance médicale à la procréation sera devenue un luxe inutile.