
Les mutilations génitales féminines font aussi des victimes en Iran, particulièrement dans les communautés sunnites. Des « traditions religieuses », justifie le gouvernement chiite qui ne veut pas créer de tensions. Mais la branche iranienne de Macholand entend bien briser le silence.
« Malgré tout ce qu’on pense, les mutilations sexuelles en Iran, ça existe aussi ». Soudeh Rad est web journaliste, fondatrice de la branche iranienne de Macholand, une plateforme de lutte contre le sexisme. A trois semaines des élections législatives en Iran, elle lance, via Macholand, une nouvelle campagne pour les droits des femmes. Cette fois, ce sont les mutilations sexuelles féminines, comme l’excision, qu’elle vise. (...)
En juin dernier, le sociologue kurde Kameel Ahmady, publiait la première étude sur le sujet en Iran. Pendant plus de 10 ans, ce chercheur a rencontré près de 3 000 iraniennes victimes de mutilations génitales. Raison principale de ces mutilations génitales féminines (MGF) : la volonté de « réduire le désir des jeunes filles avant le mariage ». Quatre régions majeures en Iran sont touchées, note Kameel Ahmady, particulièrement la province de Hormozgan et ses îles voisines (Qeshm et Hormuz) au sud du pays.
Ces mutilations – ablation totale ou partielle des organes génitaux externes – sont pratiquées le plus souvent sur des filles de 4 à 12 ans, généralement en dehors des services hospitaliers, et sans anesthésie, à l’aide d’un rasoir tranchant. Bien que ces pratiques soient en diminution, dans certaines régions, 60% des femmes ont subi et subissent encore des MGF, remarque Macholand.
« Une stratégie de silence »
Mais en Iran, le phénomène est largement méconnu. « L’ensemble du sujet est tabou » (...)
Macholand penche pour une « vague de courriers électroniques » destinée au ministère iranien de la Santé.
« Le gouvernement considère les mutilations sexuelles des femmes comme un problème sunnite et le met de côté sous prétexte des traditions religieuses »
A ce jour, aucune campagne de prévention n’a encore été mise en place. Car, en arrière fond, les MGF touchent une autre question sensible, celle des supposées traditions religieuses. (...)
l’Etat n’est pas le seul en question. Les chefs religieux, très influents en Iran, portent une responsabilité. « Les interventions de chefs religieux, se prononçant contre ces rituels, doivent poursuivre », invite Kameel Ahmady, « les chefs religieux doivent clairement dire qu’il n’y a pas de fondement religieux aux MGF. Ensuite, cela devrait devenir une campagne officielle afin que cet effort puisse être correctement mis en oeuvre et reconnu ».
Une large campagne de prévention, appuyée par les chefs religieux, un moyen de lutte contre les MGF ? Oui, répondent Macholand et Kameel Ahmady qui préconisent également de former « les infirmiers et médecins en déplacement dans les centres de santé ». « Ces personnes sont les seules à être en contact direct avec les habitants, qui font confiance au corps médical », précise Soudeh Rad. (...)