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Libération
Interdisons le commerce des instruments de torture
Article mis en ligne le 19 septembre 2018

Les matraques avec pointes de métal ou ceinturons électriques sont encore vendus dans le monde entier. Selon Cecilia Malmström, commissaire européenne au commerce, la communauté internationale doit priver les bourreaux de leurs outils.

(...) La torture est un crime au regard du droit international que rien ne peut justifier. Son usage systématique constitue un crime contre l’humanité. Même si un nombre croissant de pays renoncent à la peine de mort, des milliers de personnes sont toujours dans les couloirs de la mort. Inhumaines, dégradantes et immorales, torture et peine de mort ne contribuent en rien à réduire la criminalité.

Si les dirigeants mondiaux expriment souvent leur soutien à l’éradication de ces méthodes, paradoxalement, les produits qui sont utilisés dans ce cadre continuent à être librement échangés par-delà les frontières. (...)

Il s’agit d’instruments utilisés uniquement dans le but d’entraîner des souffrances ou la mort. Si elle est sincère dans sa condamnation de ces pratiques, la communauté internationale doit faire cesser ce commerce. (...)

Un mouvement se dessine dans la bonne direction. Il y a un an, à l’Assemblée générale des Nations unies, à l’initiative de l’Argentine, de l’Union européenne et de la Mongolie, près de 60 pays se sont associés pour lancer l’Alliance pour un commerce sans torture. Cette Alliance a pour objectif d’aller au-delà des promesses et de faire en sorte qu’il soit plus difficile, dans les faits, de vendre ou de se procurer ce type de marchandises, partout dans le monde.

Interdire les exportations
Les pays de l’Alliance se sont engagés à réaliser les objectifs suivants : contrôler et limiter les exportations des marchandises concernées, y compris par la mise en place d’interdictions d’exportation ; établir une plateforme destinée à la surveillance des flux commerciaux et à l’identification de nouveaux produits sur le marché par les autorités douanières ; offrir un appui technique aux pays qui souhaitent légiférer dans ce domaine ; et échanger les bonnes pratiques qui favorisent une mise en œuvre efficace. Les travaux menés dans ce cadre ont déjà commencé. Cet été, des experts de 38 pays ont discuté des possibilités de partage de compétences et de ressources – prélude à la création d’un réseau international d’autorités douanières dédié à cette cause.

Il est déjà plus difficile et plus onéreux de se procurer des instruments de torture et d’exécution mais producteurs et négociants essaient de contourner les réglementations en place, par exemple en modifiant les itinéraires d’acheminement. (...)

Si suffisamment de pays signaient une telle convention, cela permettrait de disposer au niveau mondial d’un outil pratique pour éliminer ce fléau. (...)

Lorsque l’Alliance pour un commerce sans torture a été lancée l’an dernier, des victimes de torture ont témoigné des souffrances qui leur ont été infligées. L’une d’elles a confié que « la torture n’a pas pour finalité de vous tuer ni même d’obtenir des informations, elle a uniquement pour but de tuer l’âme humaine ». Heureusement, de nombreux survivants ont eu la force nécessaire pour passer de l’horreur à la guérison. La torture et la peine de mort restent cependant des réalités, c’est pourquoi la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour priver les bourreaux de leurs outils.