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Indispensable désobéissance alimentaire
Article mis en ligne le 27 octobre 2012
dernière modification le 23 octobre 2012

Si vous êtes opposé à la déforestation de l’Amazonie, au réchauffement climatique, à l’effondrement de la biodiversité, sur les terres émergées comme dans les mers, à la faim chronique d’un milliard d’humains et à la pauvreté de trois autres milliards, à la mortelle guerre de l’eau en cours, à la progression constante du surpoids et de nombreuses maladies, alors, la transformation de votre façon de vous nourrir peut vous permettre de passer des paroles aux actes.

(...) En refusant le modèle d’alimentation, qui a été imposé durant les 50 dernières années, sans que vous en ayez pris conscience, vous entrerez en résistance face à l’énorme complexe agroalimentaire beaucoup plus intéressé par ses profits que par la santé des humains qu’il alimente. Il décide de ce que vous mangez en exploitant votre faiblesse grâce à la séduction de ses offres, avec l’aide de la propagande publicitaire et des mensonges sur la relation santé-aliments. La corruption des experts publics est un maillon très important de l’instrumentalisation des consommateurs réalisée par les grands groupes de l’agroalimentaire. Comme ce modèle est responsable de la plus grande part des maladies modernes, il décide aussi de votre santé, en partenariat avec le grand lobby pharmaco-médical. (...)

De plus, le modèle alimentaire occidental, aujourd’hui très majoritairement à base de protéines animales, est insoutenable. Ce qui n’était pas le cas il y a 50 ans.
(...)

Aujourd’hui le système alimentaire des 20% les plus favorisés, dont nous faisons partie en France, repose sur l’accaparement des terres, des mers et de l’eau douce des autres pays de la planète. Il est en grande partie responsable des catastrophes actuelles, malnutritions, désastres environnementaux, et surtout celles qui s’annoncent avec le réchauffement climatique. (...)

Toutes les catastrophes évoquées plus haut sont le résultat de plusieurs siècles de pillages des ressources naturelles, du travail des hommes et des femmes qui ont extrait toutes ces richesses agricoles, halieutiques, sylvicoles, minières et fossiles que j’appelle extractivisme. Or nous y participons en étant l’élément principal d’un système qui après l’extractivisme implique le productivisme puis le consumérisme, - celui des habitants des pays les plus riches - la source des profits démesurés des 1% qui gouvernent le monde. Or le final de ce processus est l’accumulation de masses gigantesques de déchets, dont le CO2 n’est pas le moindre. Ils affectent en premier, la grande majorité des pauvres mal armés pour y faire face, eux qui n’en sont pourtant pas responsables. Quant aux plus riches, les véritables coupables, ils peuvent, pour le moment, s’en abstraire comme si elles n’existaient pas.

Mais comment en est-on arrivé à de tels délires. Ces catastrophes en cours sont comme les dents d’une gigantesque scie en train de couper la fragile branche de l’arbre de vie, notre biotope planétaire, sur laquelle nous nous sommes développés depuis quelques millions d’années, dans le temps géologique une parenthèse qui pourrait se refermer brutalement (...)

d’où vient l’énergie de cette dynamique suicidaire considérée par la majorité des dirigeants du monde comme normale ? Il nous faut retourner en arrière pour comprendre. (...)

La dette illégitime est une arme de destruction massive pour les peuples qui la subissent. Elle est un moyen de transfert des richesses, inacceptable et d’une immense injustice, aussi bien dans le sens Sud-Nord, que dans le sens pauvres-riches, là-bas comme ici. Le remboursement de ces dettes, le plus souvent illégitimes voire odieuses - toutes les dettes des dictateurs le sont, elles n’ont pas à être remboursées selon le droit international - ont été utilisées pour contraindre les pays du sud à produire des matières premières agricoles destinées à l’exportation vers les pays les plus riches. (...)

Lutter contre le lobby agroalimentaire, dans ce qu’il a de destructeur, comme lutter contre les dettes illégitimes, qui asservissent les peuples aux désirs des banques, est indispensable. Les banques sont coupables avec les grands détenteurs de capitaux et les autres spéculateurs d’avoir mis les PED depuis 30 ans, puis aujourd’hui l’Europe et le Monde, en régression sociale. C’est une action collective qui doit être menée sur le temps long, si nous ne voulons pas désespérer des résultats. Mais lenteur ne veut pas dire absence, je crois au contraire profondément à la réussite des résistances. Quand elles sont engagées avec conviction et sur des bases justes, elles sont capables de rallier de plus en plus de monde. Mais elles ne doivent pas empêcher, bien au contraire, les actions plus individuelles que nous pouvons initier dans le présent par la profonde transformation de notre modèle alimentaire. (...)

C’est une véritable révolution culturelle que vous devrez accomplir si vous voulez participer à la résistance alimentaire, à la transformation de ce monde. Une remise en cause de croyances dans la plus part des pseudos évidences sur les notions santé-nourriture, des habitudes affectives nées dans l’enfance inscrites dans des traditions familiales, des goûts et des plaisirs ancrés au plus profond de chacun de nous. Comme pour le sevrage d’une addiction ou d’une drogue, il vous faudra oublier l’utilisation de l’alimentation industrielle, distribuée par les supermarchés, comme moyen de gérer votre stress ou vos problèmes affectifs, abandonner les idées toutes faites sur la classification des aliments étiquetés énergie-santé, reconstruire d’autres plaisirs gustatifs. En bref, inventer un nouvel univers alimentaro-émotionnel. Transformer profondément son modèle alimentaire est une sacrée aventure, que ce soit dans la gestion quotidienne de ses achats et de ses pratiques culinaires ou dans sa manière d’aborder les repas, particulièrement avec des amis. Elle ne peut s’entreprendre que par la conviction qu’elle aura une influence positive aussi bien sur notre santé physique et notre bien être affectif que sur la transformation du monde vers un avenir plus optimiste. Les deux sont liés. Que faire pour changer ? (...)

Il faut lire des livres, éviter les ritournelles mensongères des magazines, cesser de croire sans esprit critique à toutes les doctes injonctions de la médecine officielle, écouter des intervenants sur internet ou dans des conférences, regarder les nombreuses vidéos qui traitent de ces sujets pour pouvoir passer dans la résistance.
Oui, le pire est toujours possible ! Mais, à la différence du boycott, personne ne peut nous empêcher d’avoir de réelles actions de désobéissance par la réorganisation de notre modèle alimentaire qui élimine en grande partie les protéines animales si destructrices de l’environnement et de la vie des populations du sud. Les actions individuelles sont d’autant plus puissantes quand elles sont justes et relayés par des actions collectives et inversement. La cohérence est une force.