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Association Autogestion
Impossible compromis entre les classes
Pourquoi toute politique progressiste devra aboutir à l’expropriation les actionnaires ?
Article mis en ligne le 9 décembre 2017
dernière modification le 8 décembre 2017

Depuis maintenant quelques décennies, les programmes politiques de gauche opposés au néolibéralisme défendent l’idée qu’une baisse des profits des entreprises pourrait constituer un levier pour assurer une meilleure justice sociale. Cela paraît simple comme bonjour. Les actionnaires gagneraient certes moins, mais la valeur de leur entreprise continuerait de croître pendant que les salariés profiteraient de nouvelles avancées sociales… Pour certains, cette nouvelle politique annoncerait la reprise d’un cercle vertueux de croissance sans remise en cause des actionnaires. Pour d’autres, il s’agirait d’une étape intermédiaire avant leur expropriation. Or ce scénario d’un compromis ou d’une étape provisoire est devenu tout simplement intenable.

L’inéluctable financiarisation du capitalisme a déplacé la valeur de l’entreprise d’une valeur comptable vers une valeur purement financière basée sur les estimations futures de dividendes. Les versements actuels de dividendes sont ainsi devenus un indicateur de la capacité de l’entreprise à en générer à l’avenir. Si le profit d’aujourd’hui reste une validation que l’entreprise a gagné de l’argent sur une période passée, il devient aussi une indication pour le futur au point où la valeur de l’entreprise s’exprime aussi comme un multiple de celui-ci. Ainsi, même si l’entreprise gagne de l’argent en réalisant un bénéfice, si celui-ci est en baisse, l’action perdra de sa valeur et l’actionnaire aura perdu de l’argent.

Face à une telle situation, les actionnaires, s’ils conservent le pouvoir, réagiront en désinvestissant, ce qui contrariera le succès d’une politique progressiste. Voilà qui explique que depuis de nombreuses années, les gouvernements successifs, de « gauche » comme de droite, n’ont de cesse de contenter le patronat. Voilà qui, à l’inverse, nous montre que tout programme induisant une réduction des profits des entreprises qui ne serait pas accompagnée d’une éviction des actionnaires ne pourra jamais fonctionner.

Inéluctable financiarisation du capitalisme (...)

La financiarisation inéluctable du capitalisme rend désormais impossible toute politique sociale-démocrate de réduction des profits des entreprises au bénéfice d’une meilleure justice sociale sans remise en cause de la propriété des entreprises. Une politique de hausse de la part des salaires dans la valeur ajoutée ne sera viable que s’il existe une conscience claire dans le salariat qu’il faudra prendre le contrôle des entreprises pour les démocratiser. Cela suppose que le gouvernement progressiste qui prendra de telles mesures accompagnera celles-ci de dispositifs juridiques et légaux permettant aux salariés de se débarrasser des actionnaires.