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« Imagine, vivre à la mer et ne pas pouvoir y accéder ? » : en Italie, ils luttent pour des plages libres
#italie #littoral #plages #privatisations
Article mis en ligne le 3 août 2023
dernière modification le 2 août 2023

Sur le littoral italien, près d’une plage sur deux est privée. Par endroits, ce sont même neuf sur dix. Face à cette situation, des militants se mobilisent pour un accès libre et gratuit à ce bien public.

(...) Une plage libérée après vingt ans de lutte

Après vingt ans de lutte, l’inauguration début juillet de cette plage publique de 250 mètres de long est une grande victoire. « J’espérais qu’elle serait rebaptisée à mon nom », plaisante celui qui est aussi président de l’association de consommateurs Adiconsum Liguria. (...)

En Italie, aucune loi nationale ne limite le nombre de plages privées. Certaines régions en ont instauré, sans qu’elles soient toujours respectées. Résultat : 12 166 concessions se partagent près de la moitié des plages du pays, estime l’association environnementale Legambiente.

Ce sont souvent les plus belles et les plus accessibles. (...)

Pour lutter contre cette situation, les activistes du Conamal font pression auprès des institutions locales, nationales et européennes. « On communique aussi beaucoup sur les réseaux sociaux et on fait de la sensibilisation, surtout auprès des jeunes », explique Stefano Salvetti. Pour le militant, il faut un changement culturel. Et des habitudes : « Les gens doivent partir du fait que [la plage] est un bien public. » La tâche est ardue, confie-t-il. (...)
Vendredi 14 juillet, une action a été organisée simultanément dans une dizaine de villes balnéaires. Ce jour-là, armé de ses tracts, Stefano Salvetti a foulé le Corso Italia et les galets des plages publiques pour rallier les Génois à sa cause.

« C’est une lutte sacrosainte », commente Elisabetta, une retraitée de 62 ans, en lisant le prospectus. Avec ses amies, elles sont des habituées de la plage publique de San Giuliano. Une question de coût, assure-t-elle. (...)

En moyenne, il faut compter 15 € par personne sur une plage privée. (...)

pour garantir le droit pour tous, les militants du Conamal réclament au moins 50 % de plages publiques dans chaque ville balnéaire. Et pour y arriver, ils misent en partie sur la directive européenne de 2006 sur les services, connue sous le nom de Bolkestein, que l’Italie devrait appliquer dès le 1ᵉʳ janvier 2024.
Concurrence

À cette date, fixée par le précédent gouvernement, toutes les concessions balnéaires sont censées s’arrêter et être soumises à des appels d’offres transparents. (...)

Si le but de la directive n’est pas de libérer l’accès au littoral, mais d’ouvrir le secteur à la libre concurrence, Stefano Salvetti y voit néanmoins une occasion en or. (...)

L’échéance de 2024 provoque d’ailleurs un vague d’inquiétude chez les exploitants. De son côté, le gouvernement de Giorgia Meloni tente une dernière cartouche pour les épargner : il cherche à démontrer que les plages libres disponibles sont suffisantes pour ne pas avoir à se soumettre aux règles européennes. (...)

Cinq kilomètres de côte naturelle perdus par an (...)

Ces constructions contribuent au phénomène de bétonnage du littoral. Chaque année, l’Italie perd cinq kilomètres de côte naturelle au profit de structures artificielles, selon l’Institut supérieur pour la protection et la recherche environnementales (Ispra). (...)

En plus de participer à l’augmentation des températures, « chaque mètre carré de ciment, c’est de la terre en moins pour absorber l’eau », observe Vincenzo Lagomarsino. Et donc des risques d’inondation. Sans compter les conséquences sur les écosystèmes.

Alors que le cadre des futurs appels d’offres pour les concessions balnéaires doit encore être fixé, les militants réclament que les coûts écologiques et sociaux soient pris en compte. Et que « les associations et coopératives qui n’ont pas d’objectif lucratif » puissent y participer, continue Stefano Salvetti. (...)