
Le Turkana est l’un des comtés arides du Kenya en proie à une sécheresse extrême et prolongée. La plupart des habitants de cette région vivent de l’élevage de bétail. Ils font paître leurs moutons, chèvres, vaches et chameaux sur de grands pâturages libres. Habituellement, les deux saisons des pluies annuelles garantissent une quantité suffisante de fourrage pour maintenir ces millions de bêtes en bonne santé. Mais cette année, des centaines de milliers d’animaux sont morts de faim, de soif et de maladie.
Depuis que nous nous sommes rencontrés il y a quatre ans, presque tout mon bétail est mort. Je n’ai plus que cinq bêtes. J’avais 250 chèvres et 50 moutons. Ils sont morts à cause de la sécheresse. Ils n’avaient plus rien à manger. Normalement, nous conduisons nos bêtes dans les collines pour les faire paître, mais vous voyez qu’il n’y a plus d’herbe maintenant.
Quand j’étais jeune, nous pouvions prévoir l’arrivée des pluies. Nous savions qu’elles tomberaient au bout de six mois. Quand j’avais des bêtes, nous avions assez de nourriture. Nous mangions de la viande et buvions du lait et, parfois, le sang des chèvres et des moutons. Nous ne vendions du bétail que quand nous avions faim. Lorsque les conditions étaient bonnes et que les bêtes pouvaient paître, nous n’en vendions pas.
Il y a toujours eu des sécheresses, mais je n’en ai jamais vu une aussi dure que celle-ci de toute ma vie. Elle a tué tant d’animaux. Et le problème touche maintenant les humains. Ils tombent malades. Récemment, il y a eu des averses pendant seulement trois jours et l’herbe a commencé à pousser pendant un mois environ. Mais ça n’a pas été suffisant pour que les bêtes reprennent de la vigueur.
C’est comme ça partout au Turkana. (...)
Nous sommes peut-être vieux, mais nous faisons de notre mieux et nous continuerons jusqu’à ce que le gouvernement nous aide. Après la sécheresse, je vendrai cette récolte pour acheter des bêtes. Mais si la sécheresse continue, nous allons mourir. (...)