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TV5 monde
Il y a 50 ans, le procès "de l’interdiction de l’avortement" à Bobigny
#giselehalimi #procesdebobigny #avortement #droitsdesfemmes
Article mis en ligne le 7 octobre 2022

Peu avant 11H00, les manifestants tentent de forcer le barrage de police qui leur interdit l’accès des salles de justice. En vain. Mais des chansons stigmatisant le sort des femmes "faites pour souffrir" et des slogans réclamant "l’avortement libre et gratuit pour toutes", "la pilule aux mineurs" enveloppent le tribunal.

Vite remplacés par les cris de joie et des applaudissements : vers 12H30, Marie-Claire ressort. Elle est relaxée, une première. "J’ai eu peur", avoue-t-elle sur les marches du Palais. "Nous avons fait le procès de l’interdiction de l’avortement !", se réjouit son avocate.

Le 8 novembre suivant, Gisèle Halimi renfile sa robe : c’est au tour de Michèle Chevalier, deux de ses collègues et la personne qui s’est chargée de l’intervention clandestine, de comparaître. La longue liste des témoins de la défense - le Prix Nobel Jacques Monod, les comédiennes Delphine Seyrig et Françoise Fabian, Michel Rocard, Simone de Beauvoir ... - donne le "la" des débats. "Nous ne ferons pas le procès des lois", rappelle le président. "Moi je le ferai", rétoque Me Halimi. (...)

Un pas "irréversible"

"S’est-il déjà trouvé dans cette enceinte de justice la femme d’un haut fonctionnaire, d’un médecin célèbre, d’un chef d’entreprise ? Vous jugez toujours les mêmes, les Madame Chevalier", dénonce Gisèle Halimi dans son plaidoyer. "Cette loi archaïque ne peut survivre. Elle est contraire à la liberté de la femme".

Le 22 novembre, le tribunal rend son jugement : Michèle Chevalier et la personne qui pratiqua l’avortement, ne sont condamnées qu’à du sursis, les deux intermédiaires sont relaxées.

Marie-Claire et sa mère, bras dessus, bras dessous, font face à une nuée de micros et d’appareils photo. "C’est formidable, les juges ont enfin pris leur responsabilité. Ils ont pris connaissance des lois, qu’elles n’étaient plus applicables", se réjouit Mme Chevalier. Du haut des marches, Gisèle Halimi conclut, visionnaire : "Le jugement est un pas irréversible vers un changement de la loi".