
Cette semaine au Brésil, le Forum mondial de l’eau examine les solutions pour préserver cette ressource. Loin des « prouesses » techniques, les processus naturels sont à privilégier, selon un rapport de l’Unesco.
« L’eau en partage ». C’est le thème du forum organisé par le Conseil mondial de l’eau, une plateforme multipartite qui invite les décideurs à réfléchir à des politiques mondiales pour une meilleure gestion des ressources. Depuis dimanche 18 mars, près de 40.000 personnes sont venues à Brasilia, la capitale brésilienne, pour s’informer, échanger avec des experts et, peut-être, mettre en place des mesures globales pour préserver l’or bleu.
Dans les couloirs à l’architecture moderniste de l’Itamaraty — le ministère des Affaires étrangères brésilien — et les allées du stade « éléphant blanc » Mané Garricha se croisent ainsi une quinzaine de chefs d’État, les maires de près de 300 villes du monde et des militants écologistes, tous préoccupés par les pénuries et les sécheresses qui touchent un nombre croissant d’habitants de la planète. En effet, selon l’ONU, la moitié de la population mondiale — 3,6 milliards de personnes — vit dans des zones où l’eau peut manquer au moins un mois par an. (...)
Pour les experts, les difficultés d’accès à l’eau potable ne viennent pourtant pas tant de la raréfaction que de problèmes de gouvernance et de gestion non durable des ressources. L’agriculture est notamment pointée du doigt pour sa consommation excessive et la pollution chimique qu’elle engendre. La qualité de l’eau, notamment celle des réserves souterraines, se dégrade aussi à cause des contaminations dues aux eaux usées industrielles et domestiques. (...)
Les processus naturels ou semi-naturels sont souvent plus efficaces et moins coûteux à long terme
Parmi les grandes pistes proposées et discutées, l’Unesco est venue plaider à Brasilia pour des solutions qui « s’inspirent de la nature ». Dans un rapport publié à l’occasion du Forum, les scientifiques du Programme mondial pour l’évaluation des ressources en eau préconisent aux dirigeants et maîtres d’œuvre locaux de favoriser les processus naturels ou semi-naturels. Cela signifie, par exemple, protéger les zones de captage en limitant la déforestation et les pompages pour l’irrigation dans les bassins hydriques qui alimentent les villes, ou bien développer des toitures végétalisées. D’après les scientifiques, ces pratiques sont souvent plus efficaces et moins coûteuses à long terme que de construire des barrages et des stations d’épuration, ce que les spécialistes qualifient de solutions « grises ». (...)
Malgré les bénéfices observés lors de nombreuses expériences menées à travers le monde, le recours aux solutions fondées sur la nature est le plus souvent perçu comme « un avantage marginal et non une solution de premier ordre ». Les infrastructures « classiques » restent choisies en priorité et reçoivent la quasi-totalité des investissements. Or, face à l’urgence du problème et aux risques de « guerre de l’eau », toutes les solutions doivent être envisagées. « D’ici 2050, environ cinq milliards d’êtres humains vivront dans des zones à accès pauvre en eau si nous ne faisons rien », a rappelé la directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay, lors de l’ouverture du Forum.
Le rapport de l’agence onusienne ne fait pas que présenter ces solutions, mais propose également quelques pistes pour accélérer leur mise en place. (...)