La population française a de la chance : on nous disait que le nuage de Tchernobyl s’était arrêté à nos frontières,
on nous dit maintenant que les produits radioactifs envoyés du Japon ne franchissent pas nos frontières. La Rus-
sie, qui a renforcé les contrôles de radioactivité, n’a pas cette chance : à cause de traces de radioactivité (2,4 fois
la norme) elle a dû refuser des pièces de rechange pour automobiles arrivant sur l’île de Sakhaline (Extrême-
Orient russe) et 59 véhicules ayant un niveau de radioactivité dépassant de 2 à 6 fois la norme. Par précaution,
elle a interdit les aliments provenant de plusieurs régions japonaises.
Le gouvernement a tellement confiance dans le respect de ses frontières, qu’il a fallu attendre 2 mois pour que la
direction des douanes, interpellée notamment par Solidaires Douanes, diffuse une note sur les contrôles : son-
dage dans 1 à 3% des conteneurs, éventuellement port de gants en textile lors des opérations et au grand maxi-
mum tenue complète en textile… alors que l’ASN et l’IRSN pointent le risque d’inhalation de particules par les
personnels lors des contrôles !
Mais comment contrôler sans matériel adéquat ? Solidaires Douanes a exigé ces matériels. Le port du Havre,
qui reçoit 20 000 conteneurs provenant du Japon par an, dispose de détecteurs de radioactivité manuels, ainsi
que Marseille mais toujours pas Roissy, l’un des tout premiers aéroports internationaux… Résultat : quand ils
n’ignorent pas ce qu’ils manipulent, les fonctionnaires ne disposent pas du matériel de protection adéquat.
Quant à la formation...
Les consommateurs peuvent avoir peur : l’éventualité d’une radioactivité devrait imposer un contrôle systéma-
tique et sérieux des marchandises, ce qui n’est pas le cas. Seules les denrées alimentaires font l’objet de contrôles
systématiques… mais seulement sur le papier car, à Roissy par exemple, seuls 10 % des flux sont réellement
contrôlés, par manque de personnels notamment. Cette situation, qui risque de durer plusieurs longues années,
imposerait de maintenir très longtemps cette surveillance et de ne pas céder à un relâchement au fil du temps.
Pire, les produits radioactifs peuvent entrer par n’importe quelle frontière européenne puis circuler librement en
Europe. Au port d’Anvers et de Rotterdam, par exemple, la douane ne contrôle pas les produits qui ne restent
pas en Belgique ou aux Pays Bas. Une entreprise dont les marchandises seraient bloquées au Havre pourra les
faire passer en entrant ailleurs.
Solidaires demande avec force une protection des travailleurs et des consommateurs :
– Pour les fonctionnaires concernés (douane, services vétérinaires, DGCCRF...), des moyens et des forma-
tions à hauteur des enjeux. Certes des CHS ont été saisis du problème, mais pour l’heure sans grand résultat.
Solidaires Douanes a demandé à la CRIIRAD d’intervenir et a alerté les autorités de tutelle, notamment le
ministère.
– Pour les salarié-e-s devant entrer en contact avec des marchandises japonaises (dockers, transporteurs, ma-
nutentionnaires...). Ils devraient disposer de toutes les garanties d’innocuité. Ce n’est pas le cas : Renault fait
ainsi examiner tous ses approvisionnements japonais par voie maritime, mais pas ceux arrivant par voie aé-
rienne, se reposant sur les contrôles systématiques de la douane… qui n’existent pas !
– Pour les consommateurs, Solidaires demande un contrôle systématique et complet à toutes les frontières de
l’Europe, quelle que soit la destination des produits.
contact@solidaires-org
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