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France Culture
Humanisme du soin
Article mis en ligne le 29 mai 2019

Alors que la grève des urgences s’étend, les personnels soignants se sont réunis ce samedi à Paris pour faire le point sur leur mouvement.

« C’est une grève qui s’étend à bas bruit, dans l’indifférence du gouvernement » – note Caroline Coq-Chodorge dans Mediapart. Alors qu’elle dure depuis plus de deux mois, les médecins appellent à leur tour à un débrayage. À la Bourse du travail, « l’assemblée générale a débuté par les témoignages des différents services. Ils se ressemblent, apportant tous le même écho d’un système de santé au bord de la rupture ». Isolé, peu relayé dans les médias, peu visible car la plupart des grévistes sont réquisitionnés pour assurer la continuité des soins, le mouvement fait l’épreuve de ses limites, conduisant « au mieux, à quelques renforts d’effectifs, toujours pris sur les autres services de l’hôpital ». Le collectif de paramédicaux appelle à une manifestation nationale mercredi 6 juin et il a adopté une motion qui reprend leurs revendications, notamment la réouverture des lits d’hospitalisation, car l’engorgement des urgences provient souvent du manque de places en aval dans les services. (...)

Réhumaniser le soin

La dernière livraison de la revue Pratiques – Les cahiers de la médecine utopique – publie un dossier intitulé Réhumaniser le soin en psychiatrie et ailleurs. Question cruciale à l’heure où la loi santé est discutée au Parlement… « Partant du constat d’un système de santé en crise du fait du vieillissement de la population et de l’explosion des pathologies chroniques » le projet présenté par l’exécutif « a trouvé la solution pour faire des économies : amplifier le virage ambulatoire, aller-retour hôpital dans la journée ! » L’édito dénonce « la destruction de pans entiers de la psychiatrie, mais aussi la transformation des lieux de soin en systèmes de réparation organique ambulatoire, sans accompagnement ni suivi sérieux », provoquant « la démobilisation, voire la démission des professionnels les plus engagés ». Toutes les contributions de psychiatres, médecins généralistes, aides-soignants témoignent dans ce dossier de la disqualification du temps consacré à l’écoute et de « la volonté de cantonner les soignants à des actes techniques tendant à les déposséder de leur capacité à inventer face aux situations du quotidien ». Ils en appellent à la nécessité « de retrouver l’essence même du soin » dans ce lieu de « repli ultime » qu’est l’hôpital. (...)

C’est à cela que s’emploie Cynthia Fleury dans un opuscule de la collection Tracts chez Gallimard : Le soin est un humanisme. Elle y évoque aussi « cette vision capacitaire et imaginative du soin », liée à une approche du malade comme sujet. La philosophe et psychanalyste, qui a créé une chaire de philosophie à l’hôpital, estime que « les facultés de médecine et la formation continue des professionnels donnent encore trop peu de place à l’enseignement des humanités », et que « la sollicitude, la prudence, la réflexion éthique… ne sont pas des suppléments d’âme mais des facultés humaines, comportementales, psychiques et psychosociales à développer chez les soignants pour leur permettre d’être plus efficaces dans le soin des patients. » (...)