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Le Monde
Hôpital Grand Paris Nord : « Nous demandons au ministre de la santé d’intervenir afin que le projet soit à la mesure des besoins de la population »
Article mis en ligne le 30 décembre 2020

Malgré les leçons de la crise due au Covid-19, une logique comptable et dogmatique préside au projet de campus hôpital, dénonce un collectif de personnels hospitaliers et d’usagers dans une tribune au « Monde ».

Tribune. « Il faut totalement sortir du dogme de la réduction des lits dans les projets architecturaux des hôpitaux », a déclaré Olivier Véran le 18 novembre, lors du séminaire national des hospitaliers. Ces propos sont cohérents avec la suppression du comité interministériel de la performance et de la modernisation de l’offre de soins hospitaliers (Copermo), annoncée lors du Ségur de la santé. Cependant, sur le terrain, les projets hospitaliers imposés par le Copermo du « monde d’avant » se poursuivent à Caen, à Rennes, à Nantes, à La Réunion, à Nancy, à Paris… (...)

Ainsi, le projet de campus hôpital Grand Paris Nord, qui prévoit la fusion de deux très grosses structures hospitalières, les centres hospitaliers universitaires de Bichat (18e arrondissement) et de Beaujon à Clichy (Hauts-de-Seine), est toujours en cours avec une modification minime. Un nouvel hôpital, attenant à la partie universitaire et de recherche, doit être construit à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), et le projet prévoit toujours la fermeture de plus de 300 lits d’hospitalisation complète en médecine, en chirurgie et en obstétrique, ce qui représente une baisse de près de 30 % des capacités d’hospitalisation.
Durée moyenne de séjour raccourcie

La logique qui préside à la suppression de ce très grand nombre de lits est clairement décrite dans les différents projets médicaux. Elle découle de deux objectifs comptables imposés par le Copermo.

Premier objectif : un raccourcissement de la durée moyenne de séjour (DMS) est demandé pour Bichat-Beaujon, ce qui aboutirait à une durée d’hospitalisation de 30 % inférieure à celle des autres hôpitaux français. Ainsi, pour une pathologie donnée, si la durée d’hospitalisation est, en moyenne, de six jours dans les hôpitaux français, elle devra être de quatre jours dans le nouvel hôpital. (...)

Cet objectif n’est justifié par aucune étude médicale ou scientifique. Au contraire, le développement de l’ambulatoire, objectif souhaitable, n’est possible que pour les patients les moins sévères. L’hospitalisation complète sera donc réservée aux patients les plus lourds avec des DMS plus longues, comme l’ont montré les projections de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees).

Deuxième objectif : atteindre un taux d’occupation des lits de plus de 95 %. Pourtant, un taux d’occupation au-dessus de 85 % ne permet pas d’accueillir les patients non programmés, c’est-à-dire les urgences adressées par les médecins de ville ainsi que les personnes qui arrivent aux urgences et qui nécessitent une hospitalisation. (...)