
Je suis en train de gronder ma fille. Je suis en train de lui pourrir la tête, pour être plus précise, la plupart de mes potards sont dans le rouge et ma voix — cette voix que je maitrise si bien — fait vibrer l’air de la pièce comme s’il allait voler en éclats et s’effondrer en poussière de bruit sur le carrelage. Je hurle sur ma fille de 7 ou 8 ans qui a dû faire un truc de traviole (...)
C’est marrant quand on y pense : j’œuvrais contre la domination patriarcale, celle du capital, contre la violence de l’État et des institutions, contre les abus à l’encontre des plus faibles et paf !, je ne voyais pas la foutue poutre dans mon œil, je ne comprenais pas que je faisais aussi partie du problème, que j’approuvais le dressage des enfants et toute la violence dont nous faisons collectivement usage contre eux.
Admettre qu’on a merdé, c’est grandir un peu, travailler à réparer, c’est la moindre des choses. (...)