
Ses traits sont tirés par la fatigue. Même derrière son masque, on devine les jours difficiles que vient de passer Ladji. Mais ce samedi après-midi, il trouve encore l’énergie pour crier, applaudir, tambouriner et surtout « plaider sa cause » sur le parvis de la Défense. « C’est dur mais je suis motivé », souffle-t-il.
Comme lui, vingt jeunes majeurs ont été mis à la rue fin août. Ces jeunes étrangers, arrivés en France il y a un ou deux ans, étaient, jusqu’à cet été, suivis par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) des Hauts-de-Seine et logés dans des hôtels. « La plupart sont scolarisés au lycée ou sont en apprentissage. D’autres doivent commencer des contrats à la rentrée », explique Armelle Gardien, militante RESF.
« On m’a dit que je devais prendre mes affaires et quitter l’hôtel »
Mais voilà, tous ont fêté leurs 18 ans il y a quelques semaines ou mois. « On leur a alors expliqué que leurs contrats jeunes majeurs n’étaient pas renouvelés », regrette la militante. « Le 31 août, l’hôtelier m’a dit que je devais prendre mes affaires et quitter les lieux », confie Ladji.
L’année dernière, le jeune homme était scolarisé dans un lycée de Suresnes. Et il venait tout juste d’être accepté en CAP plomberie pour cette nouvelle année. « Quand on m’a dit de quitter l’hôtel, je ne savais pas où aller. J’ai dormi dans la rue le premier soir », confie-t-il, tête basse.
Sarah, 18 ans, a elle aussi été mise à la rue. « Depuis, j’essaie de dormir dans des hôpitaux ou dans des lieux à l’abri, explique-t-elle. Mais je suis une fille et j’ai peur. La dernière fois, j’ai dû courir pour échapper à une bande de garçons. »
Des courriers restés « sans réponse »
L’association Réseau éducation sans frontières 92 (RESF 92) a alerté le département qui chapeaute l’ASE, dès le début de l’été. « On a envoyé des courriers directement au président Georges Siffredi mais on n’a pas eu de réponse », s’insurge Armelle Gardien.
Soutenue par quelques élus, dont le maire (PCF) de Gennevilliers, Patrice Leclerc, cette manifestation, samedi, est une nouvelle tentative pour « se faire entendre ». « Je suis révoltée parce que c’est un gâchis humain absolument inadmissible, gronde Armelle Gardien. Ces jeunes sont archi-motivés, ils se bagarrent pour un avenir. » (...)