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Mediapart
François Hollande toujours pérore, jamais ne s’excuse
Article mis en ligne le 1er mai 2022
dernière modification le 30 avril 2022

(...) l’ancien chef de l’État a mis en garde son parti contre une alliance législative avec les Insoumis. Son agitation du risque de disparition serait moins cocasse si son propre quinquennat n’avait pas dévasté la gauche presque autant que le PS.

Se remettre en cause publiquement n’est jamais facile. À défaut, on peut aussi ne pas courir au-devant des micros et des caméras, et gérer dans la discrétion le sentiment de culpabilité ou le déni provoqués par un échec personnel. François Hollande, lui, n’a choisi aucune des deux solutions. Son entretien à France Info ce jeudi 28 avril en a été une illustration particulièrement marquante, même si elle s’inscrit dans une longue suite de prises de parole du même genre.

À en juger par la fréquence de ses interventions, l’ancien chef de l’État n’éprouve en effet aucun dédain pour les sollicitations médiatiques. Il délivre sans se faire prier ses appréciations et ses commentaires sur la vie politique, laissant échapper de temps en temps un bon mot, l’œil malicieux et le sourire satisfait. (...)

Pourtant, nous n’avons pas rêvé, cet homme a bien été président de la République entre 2012 et 2017. Et c’est justement ce qui s’est passé dans cet intervalle qui provoque un certain malaise face à ses récurrentes parades audiovisuelles.

Qu’était le PS avant l’accession de François Hollande ? Tout (ou presque). Qu’était-il à sa sortie ? Rien (ou pas grand-chose). Il détenait en tout cas une présidence aux pouvoirs exorbitants pour une démocratie libérale, les deux chambres parlementaires, et une majorité record des collectivités territoriales. En cinq petites années, ce capital politique a été balayé.

Plus grave, au-delà du sort du parti à la rose, c’est le camp de la gauche tout entière qui s’est retrouvé à un étiage historiquement faible, sur fond d’une décrue inédite des sentiments de proximité partisane dans l’électorat. Et ce camp doit aujourd’hui exister alors qu’une partie de ses soutiens a durablement basculé en faveur d’Emmanuel Macron, dont l’entreprise politique n’aurait pas pu prospérer sans son passage par le cabinet de l’Élysée puis par le gouvernement sous François Hollande.

Ce dernier, pourtant, ne voit là aucune raison d’épargner à son parti, voire à la gauche tout entière, ses remarques et ses conseils. (...)

Pourtant, nous n’avons pas rêvé, cet homme a bien été président de la République entre 2012 et 2017. Et c’est justement ce qui s’est passé dans cet intervalle qui provoque un certain malaise face à ses récurrentes parades audiovisuelles.

Qu’était le PS avant l’accession de François Hollande ? Tout (ou presque). Qu’était-il à sa sortie ? Rien (ou pas grand-chose). Il détenait en tout cas une présidence aux pouvoirs exorbitants pour une démocratie libérale, les deux chambres parlementaires, et une majorité record des collectivités territoriales. En cinq petites années, ce capital politique a été balayé.

Plus grave, au-delà du sort du parti à la rose, c’est le camp de la gauche tout entière qui s’est retrouvé à un étiage historiquement faible, sur fond d’une décrue inédite des sentiments de proximité partisane dans l’électorat. Et ce camp doit aujourd’hui exister alors qu’une partie de ses soutiens a durablement basculé en faveur d’Emmanuel Macron, dont l’entreprise politique n’aurait pas pu prospérer sans son passage par le cabinet de l’Élysée puis par le gouvernement sous François Hollande.

Ce dernier, pourtant, ne voit là aucune raison d’épargner à son parti, voire à la gauche tout entière, ses remarques et ses conseils. (...)

Alors qu’il était interrogé ce matin sur sa responsabilité dans le score cuisant d’Anne Hidalgo, sa réponse a été une sorte d’apothéose. Feignant de la reconnaître, il en a livré une interprétation très particulière : selon lui, le fait de « ne pas [s]’être représenté » pour défendre son bilan a peut-être été une erreur.

À la vérité, ce fut sans doute une sage décision pour éviter l’humiliation. Battant des records d’impopularité, il n’avait pas seulement déçu, mais blessé le cœur de son électorat à travers une loi « travail » déformant le rapport salarial au bénéfice des employeurs, et le projet finalement abandonné de déchéance de nationalité.

En ayant laissé un tel champ de ruines, le plus digne aurait été de formuler des excuses et de s’imposer un silence monacal, ou toute sorte d’exil intérieur. (...)

Conservatisme et impasse stratégique

En l’occurrence, il s’exprimait ce jeudi matin sur les négociations en cours entre le PS et La France insoumise. Selon lui, l’accord ne se fera pas. Et si d’aventure il se faisait, cela voudrait dire que « le PS aura décidé de disparaître ». C’est une parole d’expert, pourrait-on sourire, mais son attaque contre la direction actuelle du parti est malvenue. Selon lui, elle n’aurait pas suffisamment fourni de travail en cinq ans, alors que la principale limite de cette équipe aura justement été une rupture beaucoup trop mezza-voce avec les années Hollande.

Le premier secrétaire, Olivier Faure, considère que pour sauver sa peau à l’Assemblée, le PS n’a d’autre choix, alors que sa candidate n’a obtenu qu’1,8 % des suffrages (moins que Jean Lassalle), que de pactiser avec le parti de Jean-Luc Mélenchon. Mais pour François Hollande, s’allier à la première formation de gauche, la seule qui s’est avérée capable d’un score à deux chiffres au scrutin qui mobilise le plus l’électorat – et donc les milieux populaires – relèverait presque de la trahison.

Les motifs mis en avant pour l’expliquer témoignent du conservatisme profond et de l’impasse stratégique dans lesquels François Hollande patauge. (...)

L’ordre électoral a changé. Les préférences de l’aile droite longtemps abritées par le PS, qui correspondent aux choix faits par François Hollande au pouvoir, sont désormais bien représentées au sein de la « grande coalition à la française » réunie sous la férule d’Emmanuel Macron. Vouloir les faire exister de manière autonome, ou mieux, les imposer à ce qui reste de la gauche, n’a aucune plausibilité au niveau national. (...)

les avertissements de l’ancien chef de l’État et ses prétentions à représenter « une fidélité à l’idée socialiste » ne doivent être pris que pour des extravagances qui, au regard des enjeux, assomment plus qu’elles ne divertissent