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Faute de preuve de “violences policières”, les experts jugent le LBD indispensable
Samuel Gontier
Article mis en ligne le 15 novembre 2019

Parmi les participants au séminaire organisé par Christophe Castaner pour “réformer le maintien de l’ordre”, un fidèle expert de BFMTV, Driss Aït Youssef, fervent partisan du LBD. Mounir Mahjoubi, lui, salue la grandeur de la France et de son IGPN sur CNews.

« Christophe Castaner veut réformer le maintien de l’ordre », annonce Olivier Truchot lundi sur BFMTV, au soir de la tenue au ministère de l’Intérieur d’un « séminaire qui réunissait différents acteurs français et internationaux de la sécurité ». Des « acteurs », relèvent David Dufresne, Libération ou Le Monde, parmi lesquels ne figurent aucun des chercheurs habituellement consultés par l’ONU ou le Conseil de l’Europe, pas de représentants d’ONG, pas de médecins, pas d’avocats, pas de victimes… Mais un « acteur » de TF1, Georges Brenier, qui expliquait le 10 janvier dernier au 20 heures que, « depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, il n’y a pas eu de bavure, pas de mort, pas de blessé grave ». (...)

« Le LBD permet de faire cesser les infractions, vante Alexandra Gonzalez. Mais, à distance, il ne permet pas de viser correctement. C’est pour ça qu’il y a des personnes qui se retrouvent visées au visage et donc éborgnées. » La faute à pas de chance. Olivier Truchot appuie : « A priori, on ne vise pas le visage, bien entendu. » Bien entendu. Mais voilà, ce qui pose problème avec le LBD, détaille Jean-Marc Manach sur Bastamag, c’est le cahier des charges des munitions commandées en 2016, actuellement en service, qui stipule : « La recherche “d’une précision optimale” est “souhaitée” pour que les impacts sur la personne visée soient “contenus obligatoirement dans un rectangle de dispersion de 50 cm de hauteur et 40 cm de largeur”. » Or, remarque Jean-Marc Manach, « pour être sûr d’écarter la tête de ce “rectangle de dispersion”, et donc éviter le risque d’éborgnement, le tireur devrait a priori viser... l’entre-jambes, ce qui est également interdit ».

Olivier Truchot interroge l’expert du ministère de l’Intérieur, de l’Institut BFMTV et de Léonard de Vinci : « Est-ce l’arme qui est dangereuse ou est-ce que ceux qui l’ont utilisée n’étaient pas bien formés ? » Le consultant est formel : « Cette arme présente une dangerosité mais elle est indispensable. » A la mutilation des manifestants. « Elle est indispensable mais pas partout, remarque le présentateur. Surtout en France, non ? » « Oui mais, en Espagne, ils ont des fusils avec des balles en caoutchouc. » Et au Soudan, ils ont des mitrailleuses avec des balles en fraises Tagada. « Et ça devient pour eux indispensable. » Ils sont accrocs aux fraises Tagada. (...)

« En France, répète Driss Aït Youssef, avec le LBD, il y a une certaine dangerosité mais elle est indispensable. » La dangerosité ? Il assure que le LBD est seulement « utilisé contre les casseurs ». « Il y a eu plein de témoignages de simples manifestants qui se sont fait tirer dessus », objecte Olivier Truchot. (...)

« la cible. Vous avez des cibles qui bougent, qui ne sont pas statiques, qui sont mobiles ». C’est embêtant. Avis aux manifestants : si vous pouviez jouer à 1, 2, 3, soleil quand les policiers vous mettent en joue, ça les aiderait à vous ajuster l’entrejambe et ainsi à éviter tout éborgnement. Sans cela, « on ne vise pas le bon », regrette Olivier Truchot. « On ne sait pas si on ne vise pas le bon, nuance Driss Aït Youssef. Il y a des enquêtes pour le déterminer. » Pour déterminer quel manifestant a bougé. (...)

« … S’ils répliquent avec le LBD, c’est toujours mieux qu’avec une balle létale de 9 mm. » On vit très bien avec un œil ou une mâchoire en moins — beaucoup mieux que quand on est mort. « C’est la justice qui dira si le policier a fait un usage illégitime ou disproportionné de son LBD. » Une justice connue pour sa célérité et sa sévérité : « Des policiers ont déjà été condamnés pour un usage réglementaire non conforme du Flash-Ball. » A du sursis, dix ans après les faits. « Si on enlevait les LBD et les grenades de désencerclement, s’inquiète Olivier Truchot, il resterait quoi finalement pour maintenir l’ordre ? » Des chars Leclerc ? Des hélicoptères de combat ? « C’est tout le débat, agrée l’expert de l’Institut du ministère Léonard de Vinci de l’intérieur de BFMTV. Moi, je dis qu’il n’y a pas d’autre choix que d’utiliser ces armes. » D’où la nécessité d’organiser un séminaire pour le rappeler. (...)

« La réalité, insiste Mounir Mahjoubi, c’est que nous sommes en France ! » Ça fait chaud au cœur de tous les mutilés. « La réalité, c’est qu’à chaque fois, une enquête est lancée. » Mais voilà, par le plus grand des hasards, « aucune enquête n’a permis de conclure que la responsabilité d’un policier était engagée à titre individuel », déplore Brigitte Jullien dans Le Parisien. « Mieux que cela, je ne sais pas si vous savez, après la diffusion de certaines vidéos, des CRS eux-mêmes se sont rendus au commissariat pour dire : “Ecoutez, je crois bien que c’est moi qui est désigné par cette vidéo, je voudrais pouvoir m’expliquer.” » Faute avouée à moitié pardonnée, et même complètement, grâce aux pressions exercées par leurs syndicats sur les politiques et les juges. « La France est ce pays où on a une confiance absolue dans nos forces de l’ordre… » Et dans la parole de Mounir Mahjoubi. « … Et où il y a ce contrôle permanent. » Célébré à la fois par le Défenseur des droits, le Conseil de l’Europe et la Commission des droits de l’homme de l’ONU. (...)

Mounir Mahjoubi s’en prend à Clément Viktorobitch, l’idiot utile des casseurs. « Clément, vous prenez pour acquis tous les acquis démocratiques de notre système policier en France. » Euh… pardon, ça veut dire quoi ? Que les acquis de l’État de droit ne sont pas acquis ? « Ça n’est pas la même chose dans les autres pays d’Europe. » Certains respectent l’Etat de droit.