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Escale du Livre : Erri de Luca et sa "parole contraire" ouvrent la manifestation
Article mis en ligne le 11 avril 2015
dernière modification le 18 mai 2017

Parler de la liberté d’expression et du pouvoir des mots ou de toute autre forme artistique semble aujourd’hui plus que nécessaire, un écho aux évènements récents souligné par Pierre Mazet, Président de l’Escale du Livre, lors de l’ouverture, ce jeudi 9 avril, de la manifestation littéraire : "cette année, c’était très important pour nous d’ouvrir l’Escale avec une personnalité comme Erri de Luca, quelqu’un pour qui liberté d’expression et engagement sont indissociables de l’acte d’écrire". A ses côtés, s’exprimant dans un français parfait et évoquant la société actuelle avec autant de clairvoyance que d’humour, Erri de Luca a parlé de son dernier livre, "La parole contraire" (Gallimard), et plus généralement de son engagement depuis des années maintenant. Un moment précieux.

"Je suis poursuivi pour avoir employé un verbe"La présence cette année d’Erri de Luca sur l’Escale du Livre, une chance à double titre. Une chance bien-sûr d’un point de vue littéraire et culturel au vu de l’oeuvre et du talent de l’auteur italien mais également une chance d’un point de vue du calendrier puisque, rappelons-le, l’auteur italien est, depuis quelques semaines, jugé par le tribunal de Turin pour "incitation au sabotage" concernant le projet franco-italien de construction de ligne à grande vitesse entre Lyon et Turin. Revenant sur ces évènements récents, Erri de Luca a alors rappelé les faits, exposant de fait son engagement contre ce projet "absurde de construire une ligne sans intérêt", insistant aussi bien sur "l’appellation fausse" de "grande vitesse" que sur les "dommages considérables et irrémédiables" sur le plan naturel et écologique. "Je suis incriminé pour incitation à commettre des crimes pour avoir employé le verbe saboter, un verbe précis et si important qui s’applique ici bien plus au projet de construction de cette ligne qu’à un sabotage matériel ; une ligne pareille mis en place serait en effet autant un sabotage politique qu’écologique".

Engagement nécessaire et pouvoir des mots (...)

"cette condamnation, je l’ai prise comme un prix littéraire, pour moi, c’est le pouvoir des mots et du sens, cela donne une responsabilité à mes mots et au vocabulaire, ce fabuleux compagnon que je respecte tant". Mettant en avant les divers sens du terme "saboter", l’écrivain a estimé que condamner de cette manière une phrase dans lequel il était employé, c’était faire "une réduction sémantique évidente" et combien il était pour lui "nécessaire et urgent de ne pas censurer les mots, de ne pas malmener le vocabulaire et de l’employer à juste titre, respectant son ou ses sens". (...)