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Le parisien
Enfants français de djihadistes retenus en Syrie : « Une tragédie humanitaire » + pétition pour leur retour
Article mis en ligne le 15 mars 2019

Directeur du programme Terrorisme et lutte antiterroriste à Human Rights Watch, Nadim Houry, se dit « absolument favorable » au rapatriement de ces mineurs.

En Syrie, l’un des revers les plus préoccupants de la lutte contre Daech a les traits juvéniles : ceux de milliers d’enfants retenus dans des camps aux conditions épouvantables, entre la maladie, la malnutrition et, parfois, la mort.

Les familles des djihadistes vaincus sont amenées dans des camps kurdes. Des regroupements de tentes au milieu des steppes que les récentes victoires des Forces démocratiques syriennes, soutenues par la coalition internationale, ont mené à la saturation. Au point de provoquer un désastre sanitaire.

Ces familles comptent notamment des mères et des enfants français dont le gouvernement refuse le retour « pour l’instant », au grand dam de plusieurs avocats mandatés par des proches.

LIRE AUSSI >Une pétition pour rapatrier les enfants français

Directeur du programme Terrorisme et lutte antiterroriste à Human Rights Watch, Nadim Houry, se rend régulièrement sur place. En février, il était au camp d’Al-Hol, dont la population a triplé ces deux derniers mois. Environ 33 000 femmes et enfants y vivent actuellement.

L’humanitaire nous décrit la vie de ces mineurs. Et pourquoi son organisation est « absolument favorable » au rapatriement des Français.

Les enfants français retenus dans les camps irakiens et syriens sont-ils en danger de mort ?

On estime que plus de 70 enfants, toutes nationalités confondues, sont morts en déplacement ou peu après leur arrivée dans le camp d’Al-Hol. Il s’agit souvent d’enfants affaiblis, malades, qui décèdent de malnutrition. Elles-mêmes mal nourries, les mères n’arrivent parfois plus à produire de lait pour leur nourrisson. Et le lait infantile manque.

Les autorités kurdes ne sont-elles pas censées nourrir les réfugiés ?

Il y a de la nourriture en quantité relativement suffisante, y compris à Al-Hol. Mais on parle d’enfants qui arrivent déjà mal nourris et qui souffrent parfois d’infections bactériennes. Avec des diarrhées aiguës, par exemple. Les nourrir ne suffit pas. Il faudrait les traiter convenablement pour qu’ils retrouvent un poids normal.

N’y a-t-il aucune prise en charge médicale ?

À Al-Hol, un point médical est géré par le Croissant rouge du Kurdistan. Mais il a du mal à répondre à tous les besoins (...)

Les enfants n’ont par ailleurs accès à aucun soin psychologique, alors que beaucoup sont en état de choc. Ils sortent de scènes de guerre, certains ont été soignés à la hâte d’éclats d’obus. D’autres ont perdu leurs parents.

Pourquoi n’arrive-t-on pas à savoir combien d’enfants français sont sur place ?

Les enfants devenus orphelins sont parfois pris sous l’aile de mères étrangères, ce qui complique les choses. Mais, plus largement, aucun registre n’a été établi par nationalité ces derniers temps et la pression qui s’exerce sur le camp rend très difficile tout recensement. Les tentes fournies par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) sont partagées, alors qu’elles devraient être occupées par une famille chacune. Les infrastructures ne suffisent plus.

Les avocats qui ont récemment saisi l’ONU pointent également la propagation de maladies…

Beaucoup de réfugiés ont été déplacés dans des camions ouverts, en plein hiver. Les camps sont exposés au vent, à la pluie et à la boue. (...)

Les enfants bien portants sont-ils pris en charge ?

Il n’y a pas d’école. Le camp possédait une aire séparée pour les enfants mais elle a dû être transformée en espace de couchage. Comme dans chaque camp, il y a de solidarité, avec des femmes qui s’occupent d’un enfant lorsque la mère est amenée à faire autre chose. Certaines arrivent également à se faire parvenir un peu d’argent grâce à un système de Western Union. Elles payent occasionnellement des nounous. Mais la plupart du temps, les petits restent collés à leur mère et les plus grands jouent entre eux, entre les tentes. (...)

pour signer la pétition, c’est ici