L’aquaponie est un moyen remarquable de produire durablement de la nourriture. Les rendements élevés de ce système en circuit fermé associant sylviculture et production légumière se développe en France.
Vous voulez contribuer à la transition écologique en faisant pousser vos propres fruits et légumes, même en appartement ? Jardiner sans y passer plus de 15 minutes par jour ? Obtenir des récoltes abondantes sur une surface hyperréduite, sans pesticide ni engrais chimique ? En plus des végétaux, vous voulez produire vos protéines animales ? L’aquaponie promet tout cela à la fois.
Cette technique relève à la fois de l’élevage et de l’agriculture : d’un côté, l’« aquaponiste » élève des poissons, de l’autre il utilise leurs déjections pour fertiliser ses plantations. Les plantes peuvent être cultivées soit à l’horizontale (par exemple, sur des billes d’argile), soit à la verticale grâce à des tours de culture, mais dans les deux cas leurs racines sont plongées dans l’eau provenant de l’aquarium. Les plantes sont nourries grâce à l’action des bactéries qui transforment les déjections des poissons en minéraux assimilables. Pour ce qui est des poissons, quand il sont arrivés à maturité, on peut les manger — ou les laisser vivre dans le système, si on est végétarien !
90 % moins d’eau que l’agriculture classique
Cet écosystème plantes-poissons-bactéries fonctionne en circuit fermé, le seul apport extérieur étant la nourriture des poissons. Ce modèle circulaire, qui évoque l’esprit de la permaculture, a l’avantage de faire disparaître la notion de déchet : les plantes, en absorbant les nutriments pour se nourrir, filtrent l’eau qui repart, propre, vers le bassin des poissons. L’idée est d’utiliser les processus bactériens naturels des milieux aquatiques, comme dans la phytoépuration. (...)
Dans les pays anglo-saxons, l’aquaponie se développe depuis les années 1970, mais en France, on ne compte que quelques projets commerciaux, comme à Toulouse (Citizen Farm) et à Lyon (Re Farmers). La FAO voit même dans l’aquaponie « une nouvelle approche de production alimentaire durable pour changer le monde » [2] : en effet, elle consomme 90 % moins d’eau que l’agriculture classique, peut se mettre en œuvre avec des moyens très limités (quelques cuves en plastique et des tuyaux de plomberie). De surcroît, un système familial requiert environ 60 watts, soit moins que les appareils électriques en veille d’un foyer moyen [3].
Hormis les légumes racines, comme les carottes ou les pommes de terre, l’aquaponie permet de cultiver presque tout. (...)