
En Jordanie, les deux tiers des habitants souffrant d’insécurité alimentaire vivent en ville. Pour y faire face, Amman, la capitale, a initié une véritable politique d’agriculture urbaine. Soutien matériel, formations, programme de lutte contre la désertification, collecte des eaux de pluie dans un pays qui en manque cruellement... Cette politique écologique, qui procure revenus et nourriture aux habitants pauvres d’Amman, gagne le pays.
Des fleurs poussent dans de vieux pneus, des plants de piment s’épanouissent dans des récipients en plastique recyclés et des herbes s’échappent d’anciennes canalisations. Cette terrasse, qui joint l’utile à l’agréable, est l’un des nombreux projets d’agriculture urbaine améliorant de manière significative l’ordinaire des habitants pauvres de la capitale jordanienne.
Phénomène qui s’étend lentement mais sûrement en Jordanie, l’agriculture urbaine joue un rôle important en termes de réduction de la pauvreté et d’amélioration de la sécurité alimentaire. Elle permet aussi de reverdir et raviver les quartiers les plus dégradés.
13 % des habitants sous le seuil de pauvreté (...)
Mais son succès dépend d’éléments-clés qui sont de plus en plus difficiles à garantir : la terre et l’eau. Les surfaces cultivables se réduisent de jour en jour dans un pays en perpétuel manque d’eau. Bien que ces difficultés soient considérables, elles ont néanmoins obligé ceux qui pratiquent l’agriculture urbaine à Amman à recourir à des solutions innovantes et efficaces (...)
Si en Jordanie, les potagers ne datent pas d’hier, le programme mis en place par la municipalité cherche cependant à les multiplier et à les optimiser en apportant un soutien à la population sur le plan matériel afin qu’elle puisse commencer à cultiver à la maison et en organisant des cours pour lui apprendre à produire le plus possible à moindre coût.
« Nous choisissons du matériel peu onéreux », déclare M. Al Omari. Pendant les cours, on apprend à réutiliser boîtes de conserve, sacs en plastique et vieux morceaux de bois pour en faire des bacs de plantation. Les premiers projets ont consisté à planter des caroubiers et des oliviers dans un secteur défavorisé de l’est d’Amman pour empêcher la désertification [1] et à enseigner à des femmes d’un autre quartier à cultiver des plantes aromatiques et résistantes à la sécheresse. (...)
Dans le troisième pays du monde le plus touché par la pénurie de l’eau, gâcher cette eau si précieuse pour arroser des jardins est un luxe que les Jordaniens semblent ne pas pouvoir se permettre. La municipalité du Grand Amman enseigne donc aux agriculteurs citadins d’en faire un usage parcimonieux grâce à des systèmes de recyclage des « eaux grises » (eaux résiduelles des foyers peu chargées en matières polluantes), des techniques d’irrigation et la collecte des eaux de pluie. (...)
Début décembre, le ministère de l’Agriculture a pris la décision de vendre de jeunes arbres fruitiers à des prix dérisoires, « dans le but d’étendre les espaces verts en Jordanie, en particulier avec des cultures et des arbres économiquement viables » (...)