
L’ancienne capitale iranienne Ispahan voit son fleuve disparaître, soumis à la croissance démographique, au changement climatique et à des cultures intensives. En aval de la ville, les récoltes des paysans de Varzaneh pâtissent de cet assèchement et le lac de Gavkhuni a disparu.
si, fait remarquer Jean-François Coulais, « au-delà de 40 % de l’utilisation d’une ressource, on entre dans une zone dangereuse, Ispahan atteint, selon les années, entre 83 et 87 % d’exploitation de l’eau ! » Le précieux liquide, indispensable à la vie, est de moins en moins qualitatif à cause de sa surexploitation. Sa qualité pâtit, de plus, des déversements de pesticides et de fongicides par des agriculteurs.
Pour ne rien arranger à ce triste tableau, une partie des eaux du Zâyandeh-Rood est partagée avec Yazd, une autre oasis au milieu du désert et… ville natale de l’ancien président Mohammad Khatami. Le canal, creusé pour la desservir, passe par Kerman, chère à un autre ex-président, Hachemi Rafsandjani. Elle permet, par la même, d’irriguer ses champs de pistache. Hachemi Rafsandjani est l’un des premiers exportateurs du pays.
« C’était une magnifique réserve naturelle, elle n’est que désert (...)
La région d’Ispahan (Iran), située dans une contrée semi-désertique, doit sa prospérité aux ondulations d’un cours d’eau : le Zâyandeh-Rood. « Le fleuve Fertile » — sa signification littérale, en persan — naît dans les hauteurs de la chaîne montagneuse du Zâgros, abondement arrosées par des nuages venus de Méditerranée et de l’océan Indien. Son lit s’élargit au fil de ses rencontres avec des rivières et des ruisseaux saisonniers.
Le Zâyandeh-Rood traverse la ville d’Ispahan, troisième cité iranienne en nombre d’habitants (près de quatre millions). Le cours d’eau est guidé, détourné et pompé pour nourrir les besoins et les activités des Ispahanais. Le charme de la ville est intrinsèquement lié à son fleuve et à ses flots. Au cœur de la cité, un pont fait figure d’égérie pour les cartes postales : le Si-o-Seh-Pol.(...)
L’ancienne capitale safavide est atteinte d’un mal récurrent : l’assèchement de son « fleuve Fertile », qui laisse souvent place à une terre craquelée où se reflète, désormais, la nostalgie d’un temps où l’eau coulait sous les arches. Ses retours épisodiques — et pour moins d’un mois par an — provoquent des scènes de liesse chez les Ispahanais.
Les utilisateurs se font de plus en plus concurrence pour l’accès à la ressource
(...)
Au cours des 60 dernières années, la population du bassin versant est passée de moins d’un million à près de quatre millions, allant de pair avec le développement socio-économique de la région. Dans le même temps, les températures ont augmenté constamment, tandis que les précipitations annuelles ont diminué. À mesure que l’écart entre la disponibilité de l’eau et sa demande augmente, les utilisateurs se font de plus en plus concurrence pour l’accès à la ressource.(...)
si, fait remarquer Jean-François Coulais, « au-delà de 40 % de l’utilisation d’une ressource, on entre dans une zone dangereuse, Ispahan atteint, selon les années, entre 83 et 87 % d’exploitation de l’eau ! » Le précieux liquide, indispensable à la vie, est de moins en moins qualitatif à cause de sa surexploitation. Sa qualité pâtit, de plus, des déversements de pesticides et de fongicides par des agriculteurs.
Pour ne rien arranger à ce triste tableau, une partie des eaux du Zâyandeh-Rood est partagée avec Yazd, une autre oasis au milieu du désert et… ville natale de l’ancien président Mohammad Khatami. Le canal, creusé pour la desservir, passe par Kerman, chère à un autre ex-président, Hachemi Rafsandjani. Elle permet, par la même, d’irriguer ses champs de pistache. Hachemi Rafsandjani est l’un des premiers exportateurs du pays.
« C’était une magnifique réserve naturelle, elle n’est que désert (...)
En 2013, déjà, après des manifestations des mêmes paysans de Varzaneh, le procureur du tribunal révolutionnaire d’Ispahan, Ghazi Mohammad Reza Habibi, avait reconnu la mauvaise gestion de la redistribution d’eau par certains anciens responsables du ministère de l’Énergie. (...)