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Sciences et Avenir
En Algérie, des cancéreuses abandonnées par leur mari après une ablation du sein
Article mis en ligne le 7 janvier 2018

"Le cancer ? C’est rien comparé au fait d’être rejetée après 18 ans de mariage", assure Linda, abandonnée par son mari, comme de nombreuses Algériennes, après une ablation du sein due à la maladie.

Après l’opération, son mari l’appelait "nass mraa" (demi-femme) ou "lamgataa" (la mutilée), raconte, d’une voix toujours nouée plusieurs années après, cette assistante médicale, mère de trois enfants qui l’ont soutenue face à leur père.

Zohra a, elle aussi, subi une ablation du sein en 2015. Après 25 ans de mariage, son époux a demandé le divorce, la laissant sans ressources. Il "a été odieux", assure cette mère au foyer de 53 ans.

Linda et Zohra ne sont pas des cas isolés. "Des centaines d’Algériennes sont abandonnées par leur mari après un cancer du sein", s’insurge Samia Gasmi, présidente de l’association Nour doha (Lumière du jour) d’aide aux cancéreux des deux sexes.

Rejetées au moment où elles doivent affronter le traumatisme de l’opération et de lourds traitements, "certaines sombrent dans la dépression", dit Mme Gasmi. "D’autres se retrouvent dans des centres d’accueil car elles n’ont nulle part où aller". (...)

Le théologien Kamel Chekkat, de l’association des oulémas d’Algérie, rejette toute association de ces comportements à l’islam. "Ce n’est pas un problème de religion mais d’éducation. (...)

Le cancer du sein est le plus fréquent en Algérie.

Comme au niveau mondial, le nombre de cas recensés a augmenté - cinq fois plus chaque année qu’il y a 20 ans - en raison de meilleurs moyens de dépistage, de l’augmentation de l’espérance de vie mais aussi du changement des modes de vie (moins d’activité physique, surpoids, tabagisme, habitudes alimentaires...), selon les spécialistes.

Chaque année, "9.000 à 10.000 cas de cancer du sein sont enregistrés" en Algérie, souligne Farid Cherbal, professeur de génétique du cancer à l’université d’Alger. "Environ 3.500 Algériennes en décèdent". (...)