
En 2003, à l’issue d’une conférence internationale tenue à Addis-Abeba, les Nations Unies décrétaient le 6 février Journée Mondiale contre les mutilations génitales féminines. On estime à 130 millions le nombre de jeunes filles et femmes concernées par ces pratiques dans le monde, et plus de deux millions de fillettes les subiraient encore chaque année dans près de 33 pays, dont en particulier 28 pays africains. En Europe, certaines communautés africaines immigrées attachées à ces traditions, perpétuent toujours la pratique de l’excision, soit sur place dans leurs pays d’accueil, soit lors de "vacances" dans leurs pays d’origine.
Il s’agit principalement de traditions africaines profondément ancrées dans la culture. D’où la grande difficulté d’aborder le sujet, de le dénoncer et de le combattre. (...)
Les motifs prétendus de telles mutilations sont aussi divers que peu fondés (...)
Actuellement, la tradition perdure toujours, le plus souvent encore par manque de volonté d’appliquer la législation. Au Soudan par exemple, où l’infibulation est interdite depuis 1946, plus de 80 % des femmes y sont néanmoins toujours soumises. En Somalie, l’excision concernerait, elle, près de 98 % des filles, et en Egypte à ce jour, de 60 à 80 % selon les régions ! La lutte contre les mutilations génitales de la femme est cependant parfaitement légitimée par les droits humains et les droits spécifiques des femmes et des enfants. En conséquence, elle s’inscrit également à l’évidence dans les Objectifs du Millénaire pour le développement. C’est précisément pour rappeler cela que plusieurs institutions des Nations Unies réalisent des campagnes de sensibilisation sur les MGF comme la Journée Mondiale contre les mutilations génitales (3).
Grâce encore au travail poursuivi par de nombreuses associations civiles dans les pays concernés, la prise de conscience commence à porter ses fruits. Ainsi, à l’issue d’une conférence internationale organisée par l’association allemande de défense des droits humains Target, et tenue au Caire fin novembre 2006, de hauts représentants religieux parmi lesquels le grand imam Mohammed Sayyed Al-Tantawi (4), avaient tenu à réaffirmer, sans la moindre ambiguïté, que l’Islam ne prescrivait aucunement ces mutilations. (...)