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Éleveurs, ils craquent pour le lait de chamelle
Article mis en ligne le 5 août 2021
dernière modification le 4 août 2021

En France, de plus en plus de paysans élèvent des chamelles pour leur lait, peu gras, très digeste et peu gourmand en eau. Ils espèrent une autorisation prochaine sur le marché de cette alternative qui pourrait contribuer à la diversification de l’agriculture.

(...) « Tout ce que j’en fais, si vous saviez… De la confiture de lait, des crêpes, de la béchamel, des crèmes brûlées, liste-t-elle. Je teste tout ! Il faut bien que je consomme ce que ma chamelle produit. » Ses dernières expériences ? Les fromages, avec ou sans croûte, plus ou moins crémeux…

Christèle Derosch a peu à peu intégré des dromadaires à son élevage de chevaux arabes. (...)

Dans sa ferme héraultaise de La Vacquerie-et-Saint-Martin-de-Castries, sur le plateau du Larzac, elle en possède neuf. « Au début, le lait, ce n’était pas prévu. J’ai craqué sur un mâle et deux femelles il y a un peu plus de deux ans, et de fil en aiguille, j’en ai acheté, revendu… C’est parce que l’une de mes chamelles a perdu son chamelon que je me suis mise à tirer son lait », dit-elle d’une voix enfantine et enjouée. (...)

La voilà à la traite, aux fourneaux et à la paperasse. Son idée fixe : obtenir l’autorisation de la Direction générale de l’alimentation (DGAL) de commercialiser le lait de sa chamelle [1] et le résultat de ses essais en cuisine. Selon les textes, le lait de chamelle ne peut être vendu cru mais les services vétérinaires locaux peuvent autoriser des aliments pasteurisés en fonction des conditions de fabrication et des certifications de formation obtenues par l’éleveuse ou l’éleveur.
« Des gens qui ont des projets d’élevage, ça commence à courir les rues »

Le cas de Christèle Derosch est loin d’être isolé. Difficile d’estimer le nombre d’éleveurs, mais il y aurait en tout cas un millier de dromadaires en France. Jusqu’à présent, ces camélidés étaient essentiellement destinés au tourisme (promenades), aux cirques, ou tenaient compagnie à d’autres animaux de ferme (comme un âne dans un pré). Les temps changent, et Bernard Faye en reçoit régulièrement la preuve lorsqu’il consulte ses courriels. Vétérinaire de formation, référence internationale en camélologie, il est de plus en plus sollicité : « Des gens qui ont des projets d’élevage et de commercialisation de produits à base de lait de chamelle, ça commence à courir les rues. Il se passe quelque chose. »

l est bien placé pour le savoir lui qui, avec son projet Camel milk, assure des formations en Europe et au Maghreb sur la gestion des élevages de chamelles laitières. Lui qui, cinq ans durant, a mené des travaux sur ce lait pour l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en Arabie saoudite. Et qui continue de s’y consacrer au Centre international de recherche agronomique pour le développement (Cirad) (...)