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Orient XXI
Égypte : la coupable bienveillance de l’Union européenne
Article mis en ligne le 26 mai 2014
dernière modification le 21 mai 2014

Le général Abdel Fattah Al-Sissi devrait sans surprise remporter le scrutin présidentiel des 26 et 27 mai. Avec la bénédiction de l’Union européenne, l’un des principaux fournisseurs d’aide financière à l’Égypte. Cette nouvelle realpolitik de l’UE marque le retour à de vieilles stratégies de soutien aux régimes autoritaires et dictatoriaux qui ont précédé les soulèvements arabes.

Et cela en contradiction avec la nouvelle politique européenne, clairement énoncée dans le principe du « plus pour plus » (« more for more »), selon lequel l’Union européenne offrira plus d’avantages et plus de coopération aux pays qui feront plus de progrès vers la démocratie. (...)

Peu importent pour l’Union européenne la polarisation de la société égyptienne, la restriction de la liberté d’expression et du droit à manifester, l’usage systématique de la torture, l’absence de représentation de l’ancien parti au pouvoir au sein du comité chargé de préparer la nouvelle Constitution, l’inversion du calendrier électoral (le général Al-Sissi imposant une élection présidentielle avant les législatives) et son autodésignation comme candidat contre l’unique adversaire en lice, Hamdine Sabahi, qui mise quant à lui sur le soutien des jeunes et de la gauche.

Les appels répétés de la communauté internationale au respect des valeurs fondamentales et des droits humains sont restés lettre morte (...)

Cette realpolitik européenne est d’autant plus à déplorer que l’UE pourrait mettre son assistance financière, très importante en volume8, au service d’une diplomatie européenne forte. Certes, la responsabilité incombe en premier lieu à Catherine Ashton, qui n’a rien trouvé de mieux que de passer ses fêtes de Noël 2013 en famille à Louxor, geste totalement déplacé de la part d’un haut représentant européen dans un tel contexte. Mais les États membres européens demeurent les premiers décideurs de la politique étrangère de l’Union. Ce sont eux qui donnent mandat à la Commission européenne d’agir dans tel ou tel sens. (...)

Il est fondamental que l’Union européenne affiche une position unie et forte en matière de politique internationale, ce qui est encore trop rarement le cas. Ironie du sort, les prochaines élections européennes, qui pourraient être l’occasion de renforcer cette Europe à travers une Commission et un Service extérieur moins dépendants des intérêts bilatéraux des États membres, se tiendront du 22 au 25 mai prochains, soit quelques jours avant l’élection présidentielle (26-27 mai) en Égypte et celle prévue...en Ukraine.