Le système de notation des élèves français est une évaluation injuste qui pénalise les élèves en difficulté. Pierre Merle, professeur de sociologie à l’IUFM et à l’université européenne de Bretagne propose des pistes d’évolution. Extrait de la revue « Regards croisés sur l’économie ».
La notation des élèves est souvent critiquée, mais le statu quo l’emporte régulièrement sur les volontés de réformes. Pourquoi ? Les élèves et leurs parents sont habitués à des notes fréquentes ; les pratiques de notation des professeurs sont si centrales dans leurs activités que le changement est difficile à concevoir ; les moyennes annuelles par discipline permettent la gestion des flux d’élèves (passage dans la classe supérieure, redoublement, orientation). À ces trois titres, la notation a une dimension fonctionnelle indiscutable, si bien que les tentatives de réformes semblent vouées à l’échec. L’immobilisme n’est pourtant pas satisfaisant. Il méconnaît les inconvénients majeurs des pratiques de notation en œuvre actuellement dans l’école française et l’intérêt manifeste qu’il serait possible de tirer d’un certain nombre d’améliorations et de réformes.
Quelles sont les améliorations possibles ? (...)
Dans la grande majorité des pays, l’évaluation est formative : elle a pour finalité de permettre à l’élève de l’aider dans ses apprentissages. Elle permet aussi de guider le professeur à répondre à des questions centrales : dans quels domaines mes élèves ont-ils un niveau satisfaisant ? Dans quels autres des progrès restent-ils à réaliser ? Cette conception est radicalement différente de celle mise en œuvre en France, où les évaluations sont essentiellement cantonnées à la classe et où il est difficile de savoir ce que mesurent précisément les notes puisqu’elles ne reposent pas sur des exercices communs à tous et font, de surcroît, l’objet d’un barème propre à chaque professeur.
En France, les partisans des notes considèrent que celles-ci sont équivalentes à un « thermomètre » absolument nécessaire pour les élèves et les professeurs. Les défenseurs des notes ne semblent pas être conscients que chaque professeur utilise un thermomètre qui lui est propre et que, pour cette raison, la précision de celui-ci est faible. (...)