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Droit d’asile : Petits papiers d’Arménie
Article mis en ligne le 18 février 2015

Depuis le rejet de leur demande d’asile, la famille Boyadjyan est sous le coup d’un ordre de quitter le territoire français (OQTF) et le Centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) Saint-Charles, à Marseille, les pousse dehors. Pourtant, en Arménie comme en Russie, leur vie serait en danger. La solidarité s’organise.

Début décembre, Araksia est seule à la maison avec le petit Alexandre quand on frappe à la porte. C’est l’assistante sociale du Cada, accompagnée d’un émissaire de la préfecture, qui vient « faire l’état des lieux ». Constatant que la famille est toujours installée dans ses meubles, elle menace à mots couverts d’une intervention de la police aux frontières (PAF). « Ils vous mettront dans un endroit d’où vous n’aurez pas le droit de bouger, avant expulsion. » Araksia, la gorge nouée, rappelle qu’elle et son mari sont à la recherche d’un appartement, mais que sans papiers, c’est compliqué. Elle ajoute qu’une demande d’aide juridictionnelle vient d’être déposée pour faire appel de l’OQTF. « Ce n’est pas suspensif  !, tranche alors la charmante travailleuse sociale. Vous savez à quoi vous vous exposez ? Vous prenez le risque d’être expulsés non seulement de ce logement, mais aussi du territoire français. » (...)

Alexandre, le petit dernier, est né après leur arrivée à Marseille, où Vruyr avait étudié et où ses parents ont obtenu le statut de réfugiés politiques. Une fois leur demande d’asile déposée, les Boyadjyan embrassent leur nouvelle existence avec envie. Araksia prend des cours – elle parle aujourd’hui un français assez fluide –, Vruyr devient bénévole pour la Banque alimentaire et Levon, inscrit à l’école élémentaire des Abeilles, apprend la mandoline au conservatoire.

En novembre 2014, après le rejet de la demande d’asile, l’école se mobilise en soutien à la famille de Levon. Deux promesses d’embauche sont versées au dossier en vue d’une régularisation, un appartement alternatif est recherché, des collectes d’aliments sont organisées devant l’établissement… L’aide juridictionnelle ayant enfin été accordée, les recours vont pouvoir être engagés, ce qui, contrairement à l’affirmation de l’assistante sociale, devrait avoir un caractère suspensif pour la procédure d’expulsion locative, ainsi que pour l’OQTF. Mère du meilleur ami de Levon, Cathy, bien que novice en activisme, a pris cette bagarre à bras-le-corps. (...)

Revigorée par tous ces gestes de solidarité, Araksia s’accroche  : « J’ai frissonné au moindre bruit pendant les heures qui ont suivi la visite de l’assistante sociale, mais là, ça va un peu mieux. »