
le géant breton est en tête des bénéficiaires de la politique agricole commune. Son naufrage attire l’attention sur l’attribution des aides.
(...) Le géant breton de la volaille a été mis en vente et a commencé à céder certaines de ses activités pour pouvoir régler ses fournisseurs. On ne sait pas encore ce qu’il adviendra des quelques 3 400 salariés et 800 éleveurs concernés. (...)
Ce fiasco vient confirmer l’échec pressenti par les salariés des abattoirs de Chateaulin, dans le Finistère, qui dénoncent une gestion opaque. Charles Doux a appliqué à l’agroalimentaire les délocalisations habituellement pratiquées dans l’industrie : après avoir acheté Frangosul, il a taillé dans le vif de ses usines françaises en fermant une quinzaine de sites, espérant réduire ses coûts de productions pour gagner de nouveaux marchés. Mais l’envolée du prix des céréales a contrecarré ses plans, tandis que les volailles fraiches subissent la pression imposée par la grande distribution. Fragilisé, Doux a revendu ses activités en Espagne en 2008, sa filière dinde brésilienne en 2009, et a récemment quitté l’Allemagne.
Un naufrage qui secoue toute la Bretagne, comme le symbole d’un modèle agricole qui a vécu. (...)
Doux est le volailler qui poussera le plus loin la production intégrée : il a ses éleveurs de poussins, ses céréaliers, et grâce au rachat, dans les années 90, de la marque Père Dodu, le groupe maitrise entièrement la filière, de l’œuf jusqu’au nugget ou au cordon bleu. La construction de cette filière va de pair avec la recherche de marchés extérieurs pour ses poulets congelés : numéro 2 en France, Doux s’impose comme le leader européen. Dès les années 70, l’entreprise exporte dans les pays du Golfe, puis en Afrique, en Amérique du Sud… A partir de 2000, elle s’intéresse à l’Europe de l’Est.
Un gaspillage d’ argent public
Cette expansion est nourrie par les subventions européennes. En 2011, le groupe est une fois de plus en tête des bénéficiaires après avoir reçu, sur un an, 59 millions d’euros. Mais « gigantisme et spéculation ne signifient pas obligatoirement solidité financière » commentait en mai René Louail, membre de la commission économie au Conseil régional de Bretagne. (...)
Avec ces aides, il a asphyxié économiquement des milliers d’éleveurs et de salariés. Ses exportations coûteuses ont ruiné des milliers de familles paysannes dans des dizaines de pays du Sud. Bilan : 434 millions de dettes, et l’Etat, une nouvelle fois, est au pied du mur. Jusqu’où ce hold-up va-t-il continuer ? »
Ce n’est donc pas seulement Charles Doux qui est en cause, mais les critères d’attribution des aides de la Pac
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