L’Espagne est-elle un pays fondamentalement pacifique, avec de fortes valeurs civiques, qui réussit à résoudre ses problèmes en négociant ? 67% des sondés ont répondu oui, dans une enquête publiée par le quotidien El Pais, qui lance une série sur l’état d’esprit des Espagnols dans son édition du week-end. (...)
Il y a donc une Espagne officielle, celle des centaines de politiciens englués dans des scandales de corruption touchant jusqu’au Premier ministre Rajoy, celle des choix économiques hasardeux. Et une Espagne réelle, celle que l’on voit quand on connaît ce pays, où les serruriers de Pampelune décident de ne plus participer aux expulsions de leurs concitoyens incapables de rembourser leur crédit immobilier.
La révolte des Indignés n’a pas débouché sur le chaos, rappelait Jaime Pastor, spécialiste des mouvements sociaux dans un article de L’Express en juin. Au contraire, le mouvement s’est fragmenté en une multitude d’actions locales et a resserré les liens sociaux :
« Les Indignés ont créé un espace public nouveau, pacifique et inventif. Ils interpellent les politiques et les obligent à réagir, ils prennent des initiatives et proposent leurs propres alternatives au niveau des quartiers. »
Week-end après week-end, les enseignants, les personnels médicaux, les travailleurs sociaux défilent dans les rues, sans violences, contre le démantèlement des services publics bien plus que pour leurs droits et salaires, qui ont déjà été rognés par tous les bouts.
La « révolution du respect »
Il y a quelque chose de profondément respectable (et de poignant) quand on traverse ce pays asphyxié par le chômage et les faillites personnelles. La solidarité familiale, la compassion pour ceux qui sont encore plus dans le besoin, et une infinie patience... (...)