
C’est un phénomène qui prend de l’ampleur sur les réseaux sociaux : des jeunes femmes accusent des policiers d’avoir volé leurs coordonnées personnelles, après leur dépôt de plainte, pour… les draguer, voire les harceler. Un phénomène répréhensible par la loi, pas si rare.
Tout part d’un tweet qui met peu à peu le feu au poudre sur la Toile… Le 6 juin 2022, une jeune femme partage sur son compte Twitter la capture d’écran d’un message reçu par le policier qui a réalisé sa procuration en vue du première tour des élections législatives. Ce dernier a récupéré les informations personnelles de la jeune femme dans le seul but… de la draguer !
Les dépôts de plainte : des stratégies de rencontre pour les policiers ?
Ce premier tweet a déclenché une vague de dénonciation massive : de nombreuses jeunes femmes osent prendre la parole et dénoncer des faits quasi-similaires. Certaines avaient déposé plainte pour violences conjugales, d’autres pour agression… Et toutes ont vu leurs coordonnées personnelles récupérées par des fonctionnaires de police dans le seul but de leur faire du charme. (...)
Plusieurs condamnations de policiers recensées pour des faits similaires
Et ces tentatives de séduction de la part des policiers ne datent pas d’hier… Sans surprise, ces comportements abusifs, déplacés et graves, de la part de ces policiers sont répréhensibles par la loi. D’après l’article R.434-8, sur le secret et la discrétion professionnels du Code de déontologie de la police nationale et de la gendarmerie, disponible sur le site du ministère de l’intérieur, le policier est « Soumis aux obligations du secret professionnel et au devoir de discrétion ». Il doit donc s’abstenir de « divulguer à quiconque n’a ni le droit, ni le besoin d’en connaître, sous quelque forme que ce soit, les informations dont il a connaissance dans l’exercice ou au titre de ses fonctions. »
Et en cherchant sur la Toile, on déniche rapidement des condamnations d’agents de police ayant eu recours à ce vol d’informations personnelles pour approcher des jeunes femmes. (...)
Une autre affaire présentant des similarités est en cours à Angers. Le 28 février dernier, un policier angevin de 52 ans a été renvoyé devant la cour d’assises du Maine-et-Loire pour des faits de harcèlement et agressions sexuelles sur sept plaignantes d’origine étrangère, isolées et en situation de grande précarité, d’après Ouest-France. Toujours le même protocole d’action : le policier mis en cause aurait récupéré les coordonnées de plusieurs plaignantes, qu’il aurait par la suite harcelées avec des coups de fils et des SMS insistants. Il n’aurait pas hésité non plus à se présenter à leur domicile, sans s’annoncer, seul, en civil, et avec son véhicule personnel. (...)
Mais alors, pourquoi les gardiens de la paix, dont le titre honorifique traduit toute l’ampleur du rôle qu’ils devraient remplir, entretiennent-ils ces comportements sexistes ? De nombreux cas médiatisés ont révélé ces dernières années, la manière dont les policiers s’autorisent à dénigrer la parole de victimes de violences sexistes et sexuelles. Un hashtag #DoublePeine était même né sur les réseaux sociaux, fin septembre 2021, à la suite d’une retentissante vague de témoignages dénonçant le calvaire des victimes pour déposer plainte au commissariat central de Montpellier. (...)
Finalement, que ce soit en les draguant abusivement ou en ne les écoutant pas, ne s’agit-il pas des deux faces d’une même pièce ? Celle de la manifestation du sentiment d’impunité et de toute puissance de la police française en tant qu’institution ?
Toujours est-il que ces policiers « serial dragueurs » sont donc dans l’illégalité la plus totale (...)
Sachez que si vous avez vécu cela, vous pouvez faire un signalement à l’IGPN, via un formulaire disponible sur le site du ministère de l’intérieur, ainsi que saisir le procureur de la République de votre département par courrier postal.