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Des papiers pour tou·te·s les exilé·e·s de Paris 8
Article mis en ligne le 23 mars 2018

Des universitaires, des organisations et groupes politiques, des élus, des artistes, des collectifs s’associent pour dénoncer la situation des exilé·e·s qui occupent un bâtiment de l’université Paris 8 et revendiquent avec eux « Des papiers pour tou·te·s ».

« Des papiers pour tou·te·s », c’est la revendication des exilé.e.s de Paris 8. Résister à la loi « Pour une immigration maitrisée et un droit d’asile effectif », c’est se tenir, aujourd’hui, demain, à leurs côtés et porter cette revendication simple.
Depuis un mois et demi, le bâtiment A de Paris 8 est occupé par des exilé.e.s de plusieurs nationalités et des personnes solidaires. Pour se protéger des violences policières à chaque coin de rue, qui font des quartiers de La Chapelle et de la Villette le terrain d’une véritable chasse à
l’homme. Pour se protéger du froid, de la neige, de la pluie. Pour ne pas mourir sur un bout de trottoir comme « Karim », exilé soudanais, la semaine dernière à la porte de la Chapelle, sous le regard indifférent des passant·e·s et des travailleurs « sociaux » du camp Hidalgo. Pour contrer la violence des institutions, la prise d’empreintes à l’électricité, l’enfermement et la déportation. Pour résister à un projet de loi qui n’est rien d’autre que l’aggravation d’une situation de fait, créée par ce droit dérogatoire au droit commun qu’est le droit des étranger·e·s et par une pratique administrative et judiciaire raciste. Pour tout cela, il a fallu et il faut encore s’organiser.
S’organiser, à Paris 8, c’est occuper un bâtiment et lutter pour que ces questions ne soient pas appréhendées sous l’angle de la gestion de population, du maintien de l’ordre public ou de l’urgence humanitaire. Il ne s’agit pas seulement d’une mise à l’abri, mais bien de construire un rapport de force avec ces autorités qui écrivent ou appliquent la loi. Des revendications et une parole politique propres aux exilé·e·s sont nées. Ici, tous les jours, nous construisons un lieu de vie commune. Ici, au quotidien, nous nous organisons. Nous manifestons à Paris 8, devant la préfecture, dans les rues, devant le centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot pour libérer l’un des nôtres arrêté en préfecture alors qu’il allait renouveler son récépissé. Nous pratiquons l’auto-défense juridique et politique. Nous ne nous laisserons pas faire.
Par notre lutte, nous remettons en cause le CESEDA (Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile) et affrontons le pouvoir préfectoral. Face au racisme d’Etat, nous pouvons gagner, créer une brèche dans les politiques de non-accueil de l’Etat français, redonner espoir aux 1300 personnes qui dorment dans la rue à Paris, aux enfermé·e·s en CRA en attente de déportation, aux réfugié·e·s statutaires sans logement, aux mineur·e·s rejeté·e·s au faciès par le Dispositif d’Evaluation des Mineurs Isolés Etrangers (DEMIE), aux débouté·e·s de l’asile.
Nous voulons :
 Des papiers pour toutes les personnes occupantes à l’ université Paris 8,
 Un logement pérenne pour tou·te·s,
 Nous demandons aux autorités françaises d’arrêter de collaborer avec des gouvernements dictatoriaux (les déportations forcées vers les pays d’origine),
 Le retrait des accords de Dublin,
 L’éducation comme droit pour toutes les personnes présentes sur le territoire français.
C’est pourquoi nous appelons à manifester avec nous devant la préfecture de Bobigny, le vendredi 23 mars à 14 h, afin d’être reçu·e·s par le préfet Pierre-André Durand.