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Derrière le procès Bo Xilai
Article mis en ligne le 16 octobre 2013
dernière modification le 12 octobre 2013

Après un procès que le pouvoir voulait spectaculaire, M. Bo Xilai, ex-étoile montante du Parti communiste chinois, est condamné à la prison à vie. S’il a pu se défendre publiquement (ou presque) pendant son procès, il a protesté contre ce verdict « injuste », et a fait immédiatement appel, comme l’a confirmé, le 9 novembre dernier, la Haute Cour de la province du Shandong. Cette affaire est révélatrice du tournant qui s’amorce en Chine.

(...) Deng le « petit timonier » avait déclaré qu’il faudrait « laisser une poignée d’individus s’enrichir d’abord ». Une poignée inévitablement proche du pouvoir, ainsi que le décrivait Dai Qing, journaliste engagée de tous les combats environnementaux et fille adoptive de Ye Jianying, un des huit maréchaux compagnons de Mao Zedong, lors d’un entretien au Monde (4 septembre 2013) : « Depuis que la richesse côtoie le pouvoir, le pouvoir se monnaie, ce n’est un secret pour personne ». Nombreux sont les dirigeants actuels qui souhaiteraient glisser discrètement cette déclaration de Deng sous les cendres de l’histoire.

Les dysfonctionnements de cette politique auront pour résultat, avec quelques décennies d’avance sur ce qui plus tard en d’autres lieux sera nommé « révolution de jasmin » ou « révolution arabe », une explosion et une mobilisation populaires longues de plusieurs mois. Tels furent, en cette triste année 1989 à l’automne de laquelle s’effondrera bien un mur, celui de Berlin et non celui de la Grande Muraille, ce que l’on a nommé les « évènements de Tiananmen ».

Depuis, chaque nouvelle présidence de la République proclame : « ou le Parti tuera la corruption, ou la corruption tuera le Parti ». Et souhaitant donner une preuve de son attachement à l’éradiquer, chacune organise un procès visant une personnalité de très haut rang accusée de corruption (...)

Le verdict comme le procès n’ont pas effacé la conviction largement répandue que ce procès était avant tout politique ; il ne s’agissait pas de juger un homme corrompu mais bien d’écarter un concurrent qui, par son charisme et son ambition, avait rompu avec la tradition qui consiste à donner avant tout au peuple chinois une image d’unité du pouvoir en place.

Pour mieux convaincre une opinion réticente, d’autres têtes sont déjà tombées au sein de ces mastodontes que sont les entreprises d’Etat, en premier lieu dans le secteur pétrolier, (...)