Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
CQFD
Délit de faciès, même pour Guéant
Article mis en ligne le 12 septembre 2015
dernière modification le 5 septembre 2015

C’est l’histoire d’un Arabe qui est né en France. Un Arabe qui boit de l’alcool et mange du porc. Un Arabe qui a lu Bakounine et qui était le premier à moquer les bigots mahométans. Un Arabe qui se traitait lui-même de « bougnoule », juste histoire de déconner avec les copains. Le lendemain du massacre de Charlie Hebdo et de l’Hyper-Cacher, Saïd [1] traverse la place d’une grande ville quand, pour la première fois, il ressent un violent malaise. Sa tête d’Arabe était toujours arrimée à ses épaules, mais au fond, c’était comme si elle était fichée au bout d’une pique. Tout d’un coup, la foule n’est plus ce troupeau confortable dans lequel il se serait senti anodin ou anonyme. Saïd raconte : « Je me suis senti suspect. »

Après le plan-séquence hollywoodien du train Thalys qui a vu une poignée de braves neutraliser un islamiste enfouraillé et prêt à commettre un carnage, Alain Vidalies, secrétaire d’État aux Transports, a lâché sa bombinette : « Je préfère qu’on discrimine pour être efficace plutôt que de rester spectateur. » Polémique, cris d’orfraie ou applaudissements, les barons politiques ont fait leur show. (...)

Claude Guéant – pour rappel : ex-ministre de l’Intérieur qui multiplie les casseroles dans diverses sombres affaires de la Sarkosie – banalisait lui aussi la discrimination sur l’antenne de BFM, le 25 août, en affirmant « qu’il y a des gens qui ont plus une allure de délinquant que d’autres ». Fait troublant, il se souvenait avoir été lui-même victime d’un contrôle « discriminatoire » : « Je me souviens, un jour, j’ai été contrôlé dans le RER. Il y a tout un tas de gens qui escaladaient les portiques, etc. J’étais le seul en costume-cravate, j’ai été le seul à être contrôlé. » On compatit, avec une telle de tronche de faux témoin, ça ne doit pas être facile à porter tous les jours !

L’antiterrorisme comme mode de gouvernement, la preuve par neuf a été apportée depuis l’affaire de Tarnac. (...)

Réelle ou fantasmée, la menace sert avant tout à justifier une militarisation grandissante de la société. Cet enrégimentement des esprits rend inaudible toute revendication de justice sociale. (...)