
Alors que la polémique sur les néonicotinoïdes a refait surface cette semaine dans l’actualité politique française, la revue Science publie une nouvelle étude canadienne qui pointe du doigt les dangers de ces pesticides pour les abeilles.
(...) De nombreuses études ont signalé les effets néfastes des « néonics » sur la santé des abeilles. Pour beaucoup, ces travaux consistaient à traiter de manière expérimentale des abeilles avec des néonicotinoïdes. Certaines de ces recherches ont été critiquées car elles utilisaient des doses ou des durées d’étude jugées irréalistes. Une équipe de chercheurs de l’université York de Toronto (Canada) a donc voulu étudier l’effet de ces pesticides dans des conditions les plus proches possible de la réalité du terrain. Tout d’abord, ils ont suivi les colonies de cinq ruchers proches de champs de maïs qui avaient poussé à partir de graines traitées aux néonicotinoïdes et six ruchers éloignés des activités agricoles. Entre mai et septembre, c’est-à-dire pendant la saison où les abeilles sont actives, les colonies étaient testées. (...)
Les abeilles ont récolté du pollen contaminé avec des néonicotinoïdes. Mais ce pollen ne provenait pas de plants de maïs ou de soja, les deux principales cultures qui poussent à partir de graines traitées. Pour Nadia Tsvetkov, principale auteur de cet article, « cela indique que les néonicotinoïdes, qui sont solubles dans l’eau, se répandent des champs agricoles vers l’environnement alentour, où ils sont absorbés par d’autres plantes qui sont très attrayantes pour les abeilles ». (...)
Le pollen contaminé vient de plantes proches des champs traités
Pour les auteurs, l’étude démontre que les abeilles des régions qui font pousser du maïs au Canada sont exposées à des niveaux significatifs de néonicotinoïdes pendant la majeure partie de la saison où elles sont actives. Le pollen des plantes, qui ne sont pourtant pas les cibles des néonicotinoïdes, est la principale voie d’exposition des abeilles à ces pesticides. (...)