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Greek Crisis
De vita beata
Article mis en ligne le 10 juin 2014

La Grèce vit sur ses morceaux. Mille morceaux et segments, mais en réalité des millions de gens “reconditionnés” qui s’ignorent entre eux. Un bien curieux phénomène à l’ère de la métasociologie... et qui exige tout un ensemble de conditions psychologiques, dont les plus évidentes sont l’aveuglement et la crédulité générale. Au moment où les maîtres politiques annoncent par exemple, la mise à mort officielle et alors patente du système des retraites.

À partir du 1er janvier 2015, seule la retraite dite “de base” s’élevant à 360 euros par mois sera garantie par l’État, au-delà, tout dépendra de la situation financière des organismes concernés. Cela signifie tout simplement la fin brutale du système actuel avec... l’évaporation des cotisations, conséquentes ou pas, alors peu importe.

Depuis 2010, le montant des retraites avait été déjà d’abord été diminué de 30% à 60% selon les cas, et voilà que le moment arrive... enfin où ces “diminutions d’urgence” auront servi à institutionnaliser la suppression du système par répartition. Seul un minimum vieillesse (et encore), sera désormais versé aux mourants potentiels et seuls les... patriciens aisés pourront alors prétendre à une fin de vie dans la dignité, étant donné que le système de santé est déjà à son tour suffisamment détruit. (...)

La grande transformation du pays ainsi conquis par les colonisateurs “mondialisants” et autant, submergé par le crétinisme béat des plébéiens et patriciens locaux (et d’ailleurs) de tout rang, pénètre donc dans sa phase de consolidation. Chez Syriza, la colère est immense (en réalité et peut-être parfois en apparence), cependant à la mesure de son impuissance.

Le “gouvernement” vient en plus de décréter la semaine dernière, l’ajournement de la session plénière du “Parlement” (par effet surprise, prétextant le début de la période estivale), tandis que de nombreux projets de loi très importants, et entre autres, celui détruisant le littoral restant par sa privatisation “orientée” au profit des rapaces financiers internationaux et grecs, seront prochainement “débattus”. Par la même occasion, les politiques déjà épinglés ou mêlés dans des affaires de corruption et dont les procédures d’enquête étaient (supposons) en cours, ceux de la liste dite “Lagarde” par exemple, eh bien, ils échapperaient aux poursuites très probables. (...)

Plus exactement, il s’agit de toute une législation future ainsi présentée au “Parlement” rien que pour la forme, car essentiellement imposée et souvent rédigée par la Troïka, par Bruxelles et par Berlin. (...)

Alexis Tsipras exprime déjà une bonne partie de notre vérité bien sombre. “L’objectif de l’austérité n’était pas de sortir la Grèce de la crise mais de créer une dévaluation interne censée relancer sa compétitivité. Mme Merkel et M. Schäuble ont un plan stratégique, appelé la germanisation de l’Europe, et la colonisation du sud de l’Europe. Ils veulent créer une zone économique spéciale à la périphérie du continent, sans les contraintes du droit du travail, avec des bas salaires, un chômage structurel élevé. Ils croient que, de cette façon, l’économie européenne sera compétitive.”, (quotidien “Le Monde” du 5 juin). (...)

quant à nous autres habitants du nouveau siècle, les enjeux sont clairs, l’Union européenne devrait être dissoute de manière organisée et concertée, quitte à recomposer ensuite.

Voilà comment tout un continent presque, retrouve ainsi le point zéro de son histoire. Nous en sommes bien là, sauf que la plupart des gens ; y compris en Grèce, ne peuvent guère distinguer la portée du basculement historique.
(...)

Et cela, tout simplement parce que dans l’hémisphère social des préoccupations, c’est bien d’un tout autre temps, celui de la survie qu’il est alors question (et l’explication est certainement partielle car il faut aussi considérer l’ampleur de l’acculturation politique, voire de l’acculturation tout court plus ou moins à des degrés divers). Comme pour ce retraité-mendiant, “habitué” des quartiers des hôpitaux ; il interpelle les passants par son silence et finalement en vain, à proximité d’une affiche décidément oubliée. Cette dernière, appelle à manifester (à la date du 31 mai) pour ainsi dénoncer la fermeture des hôpitaux psychiatriques. Devant l’entrée de l’hôpital bien proche une banderole aussi de saison : “Nous ne sommes plus payés, nous mourons”.

Ou encore cette une femme très âgée rencontré récemment, elle mendiait et elle mendie certainement toujours aux abords d’un square, une “néo-retraité” de plus et bientôt de moins. Sa tactique : elle aborde les passants ainsi que les automobilistes qui stationnent dans cette bourgade d’Attique en bord de mer. Perdante d’office, elle ne s’intéressera plus jamais aux quelconques élections et encore moins au... remaniement des outils politiques. (...)

Devant le ministère des Finances, les femmes de ménage licenciées ainsi que certains autres licenciés du secteur public étendu, campent déjà depuis un mois, derrière aussi, l’indifférence des touristes et des passants. La Grèce se meurt... en mille morceaux et segments. Été grec et hiver européen.