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Dans le bocage mayennais, une ferme protège la vie sauvage
Article mis en ligne le 9 septembre 2019

Nichée dans un écrin de verdure, la ferme d’Antoine et Marionelle résonne des chants des fauvettes, rouge-gorges ou grimpereaux. Récit de l’installation d’un couple qui a choisi l’agriculture comme outil de protection de la faune et de la flore sauvages. (...)

Pour lui, « devenir paysan est une autre façon d’être acteur d’un territoire plus petit qu’une zone Natura 2000 mais en étant tellement plus efficace ! » Antoine a lancé son projet d’élevage. Il a d’abord préparé un brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole (BPREA), étape indispensable pour prétendre aux aides à l’installation [1]. Puis il a poursuivi ses expériences agricoles comme salarié, tout en cherchant une ferme dans la région. Marion, elle aussi en transition professionnelle à l’époque, n’avait pas pensé devenir paysanne, mais elle a été séduite par l’idée, tout en conservant son envie de poursuivre ses activités autour de l’animation culturelle. (...)

La propriété par Terre de liens offrait une sécurité financière et foncière à long terme. Ce choix leur a permis de réduire considérablement l’investissement financier de départ, limité aux animaux et au matériel. (...)

Antoine et Marion reconnaissent plusieurs avantages à être locataires de Terre de liens : le couple n’aura pas à se soucier de la transmission de la ferme au moment de s’arrêter — même si l’installation d’autres paysan·nes fait partie de leurs préoccupations — et la foncière prend en charge les gros travaux sur les bâtiments. Il y a aussi ce lien particulier avec la société civile, source de l’épargne solidaire. Antoine trouve logique que « la société civile paye une partie de sa ferme, car on lui rend un service en entretenant les chemins, en produisant des aliments sains et en ne polluant pas l’eau ».

Avec 22 vaches allaitantes de la race Salers, Antoine a presque atteint son objectif. Toute la viande est écoulée en vente directe. Il n’a pas envie d’aller au-delà de 24 vaches, car il devrait alors réinvestir dans du matériel de contention, chercher de nouveaux débouchés et faire plus de kilomètres. Il préfère gagner un Smic avec son « petit » troupeau et avoir du temps pour le potager, les travaux de la maison et les enfants. Marion, elle, n’est pas encore officiellement installée, même si elle a déjà quelques ruches. Elle continue à travailler à mi-temps dans un centre de loisirs. Mais elle souhaite depuis le début développer l’accueil à leur ferme. Avoir un statut agricole lui permettrait aussi de valoriser son engagement quotidien aux côtés d’Antoine.

Pour ce qui est des aides, Antoine perçoit les subventions habituelles allouées aux agriculteurs — la dotation jeune agriculteur et la politique agricole commune. Il a choisi de ne pas contractualiser de mesures agrienvironnementales (MAE). Il n’a pas envie de se « prendre la tête à monter le dossier pour des choses qu’[il fait] déjà naturellement, et pour un montant très peu élevé ».
Le couple a conservé toutes les prairies naturelles, plante des haies, garde les arbres têtards... (...)

Avant d’entrer en tracteur dans un pré, il ou elle commence par en faire le tour à pied pour repérer les éventuels mammifères ou oiseaux cachés dans l’herbe afin de les épargner.

La ferme de Marion et Antoine : des vallons, des prairies naturelles, des haies…

L’idée est de mécaniser le moins possible (...)

. Il a équipé tous les abreuvoirs de bouts de bois pour éviter les noyades des reptiles, amphibiens, oiseaux, petits mammifères.

Dans leur ferme, on croise cailles des blés, pie-grièches écorcheurs, moineaux domestiques, accenteurs mouchets, alouettes des champs, pipits farlouses, éperviers, chouettes hulottes, effraies… Antoine et Marion adorent regarder les couleuvres d’Esculape, les salamandres et « la nature du quotidien, le bocage de tous les jours ».

Antoine est conseiller municipal depuis peu, Marion est investie dans un Cigales, un club d’investisseurs pour une gestion alternative et locale de l’épargne solidaire, et au comité des fêtes de leur village. (...)

Antoine est aussi secrétaire de l’Association de développement de l’emploi agricole et rural (Adear) de la Mayenne et s’investit depuis peu dans le groupe Nature et progrès [2].

Enfin, leur ferme À tout bout de champ, à Saint-Georges-sur-Erve (Mayenne), est un lieu d’accueil pour de nombreu·ses visiteu·ses, touristes ou naturalistes. (...)