
L’humoriste a annoncé vendredi 18 juin sa démission d’Europe 1. Sa hiérarchie lui demandait de retirer une blague sur Eric Zemmour, dans une chronique prévue à l’antenne ce dimanche. Elle se confie dans un entretien… où l’on apprend qu’un journaliste aurait récemment été convoqué pour une pique sur le même Eric Zemmour.
A Europe 1, l’orage éclate, et semble parti pour durer. Inquiets de voir leur radio se rapprocher éditorialement de CNews, les équipes ont décidé ce vendredi de se mettre en grève jusqu’à lundi matin, pour protester contre la mise à pied d’un journaliste. La veille, leurs élus et la Société des rédacteurs de la station publiaient une tribune dans Le Monde, pour alerter sur l’avenir d’Europe 1 au sein d’un groupe - Lagardère - où Vincent Bolloré est désormais majoritaire, via Vivendi.
Quelques dizaines de minutes après l’annonce de la grève, l’humoriste Christine Berrou annonçait sa démission sur Twitter et Instagram. (...)
Une censure d’autant plus alarmante que plusieurs voix pressenties sur la future grille de rentrée officient sur CNews...où elles côtoient Eric Zemmour. Notamment Dimitri Pavlenko, annoncé par Le Parisien comme potentiel futur matinalier d’Europe 1. Eric Zemmour serait-il d’ores et déjà intouchable sur Europe 1 ?
Jointe par téléphone, Christine Berrou revient, remuée, sur la journée de vendredi. Sa démission signe la fin d’une longue collaboration avec Europe 1, qui a couru sur six saisons depuis 2014. De son côté, le service communication de la station fait savoir que la direction ne commente pour l’instant pas la situation. (...)
Aviez-vous déjà été censurée par le passé ?
Jamais ! En sept ans à Europe 1, et même ailleurs, à la télévision, jamais ! C’est d’autant plus choquant : ça arrive d’un coup, et ça ne concerne pas n’importe qui.
“Une personne dangereuse est en train de devenir intouchable” (...)
On me dira peut-être que j’aurais pu en discuter avec ma hiérarchie… Mais à partir du moment où on me reprend sur une chronique, ce n’est plus possible. Je ne me voyais pas continuer à produire du contenu pour un média que je ne cautionne plus. Si on me coupe pour une vanne de ce type, qu’est ce que je vais bien pouvoir dire la semaine prochaine ? Cette censure signifie qu’une personne dangereuse est en train de devenir intouchable, et je ne veux pas participer à ça. Si l’humoriste ne peut plus faire rire en caricaturant les travers de quelqu’un, c’est gravissime. Car on sert à faire rire, mais aussi à faire réfléchir. En tant qu’auditrice, j’ai déjà pu changer d’avis en écoutant un humoriste ! (...)
Nous sommes tous des petits rouages de la liberté d’expression. Si l’un des rouages accepte ce type d’entrave, alors la censure devient une normalité. On prend le risque qu’à l’avenir, un média n’engage pas un humoriste pour sa compétence comique mais pour sa capacité à accepter d’être un peu moins subversif. Il faut donc dire un grand non. Non, ce n’est pas normal, et ça ne doit pas le devenir. Quand j’y pense, c’est un comble : Zemmour ne cesse de se plaindre qu’on ne peut plus rien dire...mais là, c’est moi visiblement qui ne peut plus rien dire sur lui !