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Conflits entre Etats et multinationales : les intérêts privés victorieux dans 58% des cas
Article mis en ligne le 11 mars 2014
dernière modification le 10 mars 2014

L’interdiction d’exploiter le gaz de schiste en France pourra-t-elle être contournée par les multinationales ? Un nouveau rapport rendu public le 6 mars par des organisations européennes [1], pointe les dessous de l’accord commercial en cours de négociations entre l’Europe et les États-Unis (voir notre enquête sur ce projet de traité dénommé « TAFTA », « TTIP » ou « PTCI »). Et montre comment l’extension des droits des investisseurs aux dépens des droits des États pourrait saper les réglementations encadrant la fracturation hydraulique, seule technique utilisée à ce jour pour extraire le gaz et le pétrole de schiste. L’inquiétude est particulièrement vive en France, la fracturation hydraulique est interdite depuis l’adoption de la loi du 13 juillet 2011.

Le droit des investisseurs avant tout

Dans ces négociations commerciales, l’opacité est la règle. Mais une version d’un premier texte de négociations a fuité, et renforce les craintes de la société civile. Le 27 février, le journal allemand Die Zeit publie le chapitre « Investissements » de ces négociations entre les États-Unis et l’Union européenne. Il apparaît qu’un « mécanisme de règlement des différends investisseur-Etat » (« ISDS » pour l’acronyme anglais) est bel et bien prévu. Ce dispositif permet aux entreprises de porter plainte contre un État ou une collectivité territoriale, dès lors qu’une loi ou une réglementation jugée trop contraignante entrave leurs investissements, y compris leurs prévisions de bénéfices futurs. « Une clause similaire a été introduite dans l’accord en voie de finalisation entre l’Union européenne et le Canada, ou dans celui conclu et paraphé avec Singapour » remarque Amélie Canonne de l’association Aitec.

Quels seraient les conséquences d’une telle clause ? Il suffit de se pencher sur ce qui s’est passé ailleurs. (...)

L’intérêt général piétiné par les multinationales ?

En 2011, la loi française interdisant la fracturation hydraulique a conduit à annuler les permis des entreprises Schuepbach et Total. Leur recours devant les tribunaux est toujours en cours d’instruction. Or, selon le rapport, « l’inclusion d’un mécanisme de règlement des différends investisseur-État dans [l’accord commercial en négociation] leur donnerait un outil extra-juridique – et dans certains cas une seconde chance – pour contester des politiques d’intérêt public ». Plusieurs organisations appellent le gouvernement « à rejeter l’introduction de tout mécanisme ad hoc de règlement des différends Investisseur/État. Ceci afin que les gouvernements et les Parlements conservent leurs prérogatives souveraines quant à la définition des normes et lois protectrices de l’intérêt général. » (...)