Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Alternatives Économiques/ Rachel Silvera Maîtresse de conférences à l’université Paris-Nanterre
Comment l’Etat maintient les femmes dans la dépendance économique
#femmes #inegalites
Article mis en ligne le 14 mars 2023

La Fondation des femmes lance un Observatoire de l’émancipation économique des femmes et présente une note très convaincante sur « l’individualisation des droits » en matière de prestations et d’imposition, c’est-à-dire un accès aux droits individuels, reposant sur la situation de chaque personne et non en référence à sa famille.

En France, ce n’est que fin 2022 que l’allocation aux adultes handicapés (AAH) a enfin été « déconjugalisée », après d’importantes mobilisations. Cela signifie que désormais l’AAH est attribuée à chaque personne en situation de handicap, indépendamment de sa situation conjugale.

Ce sont des questions récurrentes chez les économistes et les féministes : à quand un système fiscal et social dépourvu d’une vision familialiste, qui donne une place prépondérante à la famille et maintient encore et toujours une image dépassée des couples et de la famille ? A quand l’introduction de droits propres à chaque citoyen·ne et non dépendants de la référence à leur famille ? (...)

même mariés, les couples sont de plus en plus nombreux à opter pour une individualisation de leur patrimoine et pour le régime de la séparation des biens, ce qui accroît les inégalités de genre en fragilisant la situation des femmes. (...)

le ménage est une « boîte noire » où peuvent se reproduire des inégalités (...)

au moment des séparations, de plus en plus fréquentes, le niveau de vie des femmes baisse de 20% et seulement de 3% pour les hommes. (...)

Des prestations sociales non individualisées (...)

L’imposition conjointe : un cadeau aux hommes riches (...)

On estime ainsi que déconjugaliser, comme dans la plupart des pays européens, l’imposition des couples aurait une incidence sur l’emploi des femmes mariées et pacsées qui pourrait représenter jusqu’à 80 000 emplois supplémentaires. C’est aussi un frein à l’allongement de la durée de travail des femmes : en restant à temps partiel, les femmes permettent au couple de payer moins d’impôts, ce qui maintient les inégalités entre les sexes. (...)

Au total, les politiques sociales et fiscales ne reconnaissent que les couples mariés et parfois pacsés, et modulent certaines prestations sociales au nom d’une solidarité conjugale loin d’être systématique, tout en offrant des avantages fiscaux aux plus aisés. Tout ceci, au détriment de l’indépendance économique des femmes. (...)