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l’escalier qui bibliothèquze
Comme une maladie honteuse
Article mis en ligne le 24 octobre 2011
dernière modification le 20 octobre 2011

Au pied d’un article - je n’ai pas noté sur quel support -, il s’est trouvé quelqu’un pour s’indigner du fait qu’une enseignante tente de se suicider par le feu, devant les élèves et à l’heure de la récréation...

Ce sont, anéfé, des choses qui ne se font pas.

Et j’attends avec impatience que cette personne avisée s’attelle à son clavier pour nous donner prochainement un "Traité de savoir-vivre à l’usage des suicidé(e)s". Cela manque terriblement dans les bibliothèques (...)

A un moment de ma vie, j’ai cultivé cette fleur vénéneuse qu’est la tentation du suicide.

Elle s’était épanouie dans l’impasse où je me trouvais. Et cette impasse était enserrée entre les murs d’un grand bâtiment mal fichu, l’Éducation Nationale.

Je peux donc témoigner : quand on n’a plus qu’une seule envie, qui est d’en finir, on manque terriblement, et c’est bien regrettable, de savoir-vivre. Dans cet effondrement du vouloir-vivre, on chercherait plutôt quelques conseils afin de savoir mourir (vite et bien)... (...)

En voyant avec quelle rapidité "l’enseignante de 44 ans, professeur de mathématiques, qui s’était immolée par le feu lycée Jean-Moulin de Béziers" a été présentée comme "dépressive", ou encore "très fragile psychologiquement", je me suis souvenu des emplois dévoyés du qualificatif peu élogieux de "dépressif" par la hiérarchie de mon ancienne administration.

Il m’est revenu avoir été, en deux occasions assez marquantes, et significatives, "traité" de "dépressif" ou de "déprimé"...

La première fois, ce fut par un inspecteur pédagogique régional, au début de ce qu’il convient d’appeler ma "carrière". J’avais eu, lors d’un entretien, la naïveté d’exprimer des doutes argumentés sur certaines injonctions pédagogiques à l’inefficacité flagrante, et au lieu de dire qu’elles nous emmerdaient, moi et beaucoup d’autres, j’avais cru plus élégant de signaler une certaine lassitude de notre part. J’eus droit à un couplet de belle facture stigmatisant "les enseignants fatigués et déprimés".

La seconde fois, bien plus tard, ce fut par un proviseur de lycée, après lui avoir exprimé, assez vivement et très franchement, mon désaccord sur les méthodes cavalières et autoritaires dont il usait à l’égard des enseignants. Surpris de ma réaction plutôt inhabituelle, il avait tenu à me rencontrer à nouveau, pour m’assurer de sa profonde estime et me proposer un rôle accru dans l’équipe enseignante, justifiant cette offre par le fait qu’il m’avait trouvé un peu "dépressif"...

Dans les deux cas, je puis vous assurer que j’étais bien loin de l’être. Et mes deux interlocuteurs le savaient bien.

Lorsque je l’ai réellement été, personne ne l’a vu. (...)

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